A l'Usine du Front de gauche
Le patron du Front de gauche installe son QG de campagne dans une ex-fabrique de chaussures en banlieue parisienne.
Ava Djamshidi | Publié le 30.09.2011, 07h00
Ils martèlent, percent et vissent. Hier, l’équipe de campagne du Front de gauche a investi son nouveau local de campagne, situé aux Lilas (Seine-Saint-Denis), à quelques jets de pierre de Paris. Baptisé l’Usine, le nom du quartier général de Jean-Luc Mélenchon n’a rien d’une coquetterie. Il y a encore quelques mois, des ouvriers fabriquaient des chaussures dans ce grand entrepôt de 700 m2.
Leïla Chaibi, chargée des questions du logement et de la précarité au Front de gauche, joue les chefs de chantier. « On n’a pas les moyens d’acheter du mobilier neuf et de nous offrir les services d’entreprises pour tout remettre en l’état », sourit cette ancienne du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui a trouvé une solution beaucoup moins coûteuse : la récup. Un appel aux dons lancé sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter) a permis de récolter des lampes, des bureaux, des armoires. Le Parti communiste, cofondateur du Front de gauche, a gracieusement mis à disposition des portes et des chaises. « On nous a même offert une friteuse », s’amuse cette habituée des squats. « Pour les travaux, on a regardé dans nos fichiers d’adhérents », ajoute-t-elle. Un militant de Pau, ingénieur acousticien, est ainsi venu leur prêter main-forte, bénévolement. « Il ne nous manque plus qu’un chauffagiste et aussi des téléphones fixes », indique-t-elle.
Sous la verrière de l’Usine, le tissu des chaises semble un peu élimé. Les ordinateurs un brin vieillots. Le Front de gauche de Mélenchon n’est pas riche : son budget pour la campagne présidentielle s’élève à 3 M€, soit l’équivalent de la somme que dépensent ses anciens camarades socialistes pour organiser leurs seules primaires.
« L’Usine est un espace à l’image du parti, souligne Leïla Chaibi. Chacun peut apporter sa contribution. L’avantage, c’est qu’en travaillant à la création de ce lieu, les militants vont se l’approprier. » François, artisan du bâtiment, venu en voisin, ne ménage pas sa peine pour poser des cloisons. « Le jeu en vaut la chandelle, non? » lance ce militant de 59 ans. Yann, lui, a installé une tente au rez-de-chaussée « pour être là tout le temps et veiller sur les lieux ». A l’étage, on s’active pour préparer le bureau de Jean-Luc Mélenchon — le plus petit, mais le plus central — en sortant des cartons les livres et les bibelots fétiches du patron. Une maquette de fusée et une lampe de mineur. Bien utile pour creuser son trou dans la présidentielle.