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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
13 novembre 2011

Le plan d’austérité de François Fillon est une

 

Jean-Luc Mélenchon

 

 Le plan d’austérité de François Fillon est une erreur en tous points.

Erreur économique. L’activité va se ralentir. Donc les rentrées fiscales vont décroître et le déficit augmenter. Tout le monde va souffrir, pour rien. Comme les grecs. Quelle est la cause de deuxième plan de restriction ? C’est le premier plan d’austérité de cet été. A cause de lui et de ses petits frères dans tous les autres pays d’Europe, l’activité a décru. Etc… Deuxième erreur : le budget est à peine voté que le président de la République annule l’hypothèse économique sur laquelle il était construit. Et le premier ministre annonce un plan qui remet en cause toute la construction budgétaire précédente.

 La démocratie parlementaire n’en finit plus d’être piétinée. Les allemands ont obtenu un débat parlementaire et un vote sur le plan issu du sommet européen. Les français rien. Ni avant ni pendant ni après. Ni ensuite. Troisième erreur, politique. La danse de saint Guy des gouvernements qui prennent des mesures pour « rassurer les marchés » alerte les grands squales de la finance attirés par la bête malade qui se débat. Le tour des grandes puissances économiques de l’Union Européenne est venu après la série des essais sur les économies de second rang comme celle de l’Irlande, la Grèce et le Portugal. La France, après l’Espagne et l’Italie est désormais dans la ligne de mire. Le plan Fillon en est l’aveu ! Donc la spirale est amorcée. La catastrophe est en vue.

 Consternante chute de deux premiers ministres en Grèce et en Italie. On ne les regrette pas. Mais leur chute se fait d’une façon qui est glaçante ! Les « marchés » sont ouvertement plus forts que toute structure et institution politique. Dans le cas de Berlusconi, l’éditorial du journal « Le Monde » leur en donne acte comme d’un exploit dont « la gauche n’a pas été capable ». Etrange satisfecit. Mais la leçon se lit vite : à quoi bon une opposition si les marchés suffisent ? A quoi bon la démocratie ? Vous verrez bientôt comment les tenants de la « seule politique possible » ne se contenteront plus d’accompagner les coups de force de la finance, ni même de les justifier. Ils les appelleront !

 La dérive autoritaire de l’Europe, son habituel mépris pour les votes populaires va devenir une culture politique banalisée pour la cohorte des satisfaits de droite et de la gauche social centriste. La nomination du nouveau premier ministre grec fait gagner un pari à l’un de mes proches camarades. En effet il annonçait que le tour d’un ministre « technicien », « économiste reconnu » arriverait désormais très vite en Grèce. Comment le savait-il ? Simple. Cet épisode a déjà eu lieu dans tous les pays occupés par le FMI. C’est un classique.

 Comme vous le voyez rien de ce qui se passe ne comporte de surprise. La suite n’en comportera pas davantage. Seul le rythme des événements est imprévisible. Pas leur contenu. Amusons-nous de constater que si la Banque Centrale Européenne ne prête pas directement aux Etats de l’Union, elle leur prête gratuitement ses membres pour être gouverné. Les socialistes grecs gouvernent avec la droite et l’extrême-droite. Où sont les protestations des Hollande et compagnie ? L’ami de Zapatero n’a pas de raison de protester. Il est d’accord. Son silence indique qu’il ferait sans doute de même le cas échéant. Ses amis du Parti Socialiste Européen ne lui laisseraient pas davantage de choix qu’ils ne l’ont fait avec Papandréou à qui ils ont fait remballer son référendum et quitter le pouvoir. Je reviens encore un instant à la Grèce. Pour montrer une des absurdités auxquelles conduisent les montages et usines à gaz inventés pour protéger avant toute chose le cœur du système financier.

Depuis des mois, le gouvernement privatise à tour de bras et à vil prix. Le dernier sommet de la zone euro a demandé au gouvernement grec de trouver encore 15 milliards d'euros et de mener fermement le plan de privatisations. Pour mémoire, en juin dernier, le gouvernement grec s'était engagé à vendre ses participations dans la Banque postale fin 2011 et dans la Banque agricole en 2012. Changement de consigne. Si tout doit être privatisé, ce ne sera pas le cas des banques. A l’inverse, le gouvernement grec est mis dans l’obligation de nationaliser les banques qui ne le sont pas ! Papandréou l'avait annoncé au lendemain du sommet : "Il est très probable qu'une partie importante des actions des banques passera sous le contrôle de l'Etat".

 Car les banques grecques sont les plus « exposées » à la dette grecque. C'est normal. Elles détiennent 44 milliards d'euros d'obligations de l’Etat. Avec la décote de 50% sur la dette du pays, l'autorité bancaire européenne estime qu'elles auront besoin de 30 milliards d'euros pour se recapitaliser. Donc le gouvernement va les nationaliser pour éponger lui-même la somme manquante. Mais il n’a pas cette somme, bien sûr. Il l’empruntera. Vous avez bien compris, le gouvernement grec privatise pour payer sa dette aux banques. Mais pour sauver ses banques il les nationalise.

 Donc en annulant une partie de sa dette, le gouvernement grec va augmenter sa dette ! L’absurde stupidité de ce système ne s’arrête pas là. La logique du libéralisme est implacable : privatiser les profits et socialiser les pertes. Georges Papandréou ne s'en est pas caché : "Après une restructuration, nous les remettrons sur le marché, comme d'autres pays l'ont fait. C'est une procédure normale et il n'y a aucune raison d'en avoir peur." Encore une fois, l'Etat va payer pour les erreurs du privé puis rendre au privé pour qu'il puisse recommencer à se gaver. Jusqu'à la prochaine crise. C’est très bientôt.

 La campagne présidentielle du Front de Gauche va son chemin. Au galop. Mes journées ne désemplissent pas. Les équipes au travail « central » sont attelées soir et matin. J’y trouve la dose habituelle de réconfort militant et de problèmes. Côté réconfort le dévouement sans bornes de tous, chacun à son poste. Au siège de campagne l’ambiance est cependant glaciale. Le chauffage est en panne ! Que faire ? Des camarades travaillent avec une couverture sur le dos, tout le monde est en gros pull et écharpe. Le système électrique saute à intervalle régulier. Impossible de brancher les radiateurs. Ça passera. On serre les dents. J’ai attrapé un coup de froid. Je ne suis pas le seul. Les tours de garde nocturnes sont assurés. Les activités ont lieu. Les rendez-vous se tiennent. François Delapierre pilote ce qui peut l’être comme directeur de campagne et tâche d’aider le foisonnement des efforts à rester cohérent. De tous côtés me viennent des récits de moments de fraternité, des fou-rires et des prises de tête. La campagne est une aventure humaine. La vie des femmes et des hommes qui militent campe sur un rivage agité. De là on peut voir monter les eaux de la passion des français pour la politique.

 Un aspect nouveau dans la campagne vient, pour moi, du terrain des luttes. Comme on le sait, dans le comité de campagne, Marie-George Buffet anime le secteur du Front des Luttes. La structure est très active. J’en reçois des rapports quasi quotidiens par Laurence Sauvage qui s’y dépense sans compter. Les déplacements n’ont pas manqué pour moi : Fralib, Fonderies du Poitou, Arcelor-Mittal, et ainsi de suite. Le secteur a bien d’autres interventions et je ne participe qu’à une petite partie d’entre elles, cela va de soi. Ce qui est nouveau dans cette situation, c’est que ce sont les structures syndicales de base, parfois en configuration intersyndicale, qui font les invitations à venir sur place. J’ai noté que très souvent l’invitation est également adressée aux autres candidats. Je comprends que l’intention est d’attirer l’attention sur la lutte et ses enjeux.

 Les médias jouenlet  jeu souvent, puisqu’ils suivent les campagnes et les déplacements des candidats. Mais je crois qu’il faut voir davantage. Les organisations syndicales de base ne mélangent pas la politique et l’action syndicale. L’action reste pilotée par les syndicats, sur leurs propres bases et mots d’ordre. Elles ne les confondent pas non plus. Il ne sort de ces sortes de rencontres de soutien aux luttes aucune allégeance politique à l’un plutôt qu’à l’autre. Pourquoi alors ce changement de relation s’observe-t-il ? Les organisations syndicales de base vivent au rythme des esprits qui les entourent. Dans la tête du plus grand nombre, l’élection qui arrive est une occasion de dénouer les problèmes auxquels tous se heurtent. C’est légitime. Une délocalisation vient toujours d’un effet du système dans son ensemble et pas d’une conjoncture locale. Il est normal alors d’interpeler ceux qui prétendent diriger le pays. Cela permet de comprendre quelle déflagration guette notre pays si cette élection tourne à la comédie sans contenu ni perspectives de solutions concrètes.

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