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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
1 septembre 2013

Syrie ou pas?

Olivier Berruyer
02:51 (Il y a 6 heures)
 
les_crises"
Un nouveau billet vient d'être publié sur Les-Crises.fr : '[Traduction exclusive] En Syrie, les Etats-Unis seront perdants si un des camps l'emportait,
par Edward Luttwak'.

Excellent article Du New York Times du /08, rédigé par Edward Luttwak. C’est un économiste et historien américain ; il est un des spécialistes en stratégie et en géopolitique les plus connus dans le monde. Il travaille notamment au Centre d’études stratégiques et internationales de Washington

Mercredi, des rapports ont fait état d’importantes attaques à l’arme chimique dans la banlieue de Damas, lesquelles, d’après certains militants des droits de l’Homme, ont tué des centaines de civils, ramenant la guerre civile syrienne sur le devant de la scène de la politique étrangère américaine, dans un contexte d’aggravation de la crise égyptienne.

Cependant, l’administration Obama ne doit pas céder à la tentation d’intensifier son intervention dans le conflit syrien. La victoire d’un camp comme de l’autre aurait des conséquences tout aussi négatives pour les Etats Unis.

Au vu de la situation actuelle, le maintien du statu quo est le seul scénario qui ne soit pas défavorable aux intérêts américains.

En effet, il serait désastreux que le régime du président Bashar al-Assad sorte vainqueur du conflit après avoir écrasé la rébellion et restauré son autorité sur l’ensemble du territoire. L’argent, les armes, les services de renseignements iraniens ainsi que les troupes du Hezbollah en seraient des éléments clés de sorte que cette victoire de M. Al-Assad augmenterait le pouvoir et le prestige de l’Iran chiite et de son antenne libanaise, le Hezbollah. Cela menacerait directement les états arabes sunnites et Israël.

À l’opposé, une victoire des rebelles serait extrêmement dangereuse pour les États-Unis et leurs alliés en Europe, et au Moyen Orient. Les groupes extrémistes, dont certains entretiennent des rapports avec Al-Qaïda et qui composent une partie importante des effectifs de la rébellion syrienne, sont devenus les forces les plus efficaces dans la guerre civile. S’ils venaient à l’emporter, ils mettraient certainement en place un régime hostile aux États-Unis. De plus, Israël devrait faire face à un regain de tension le long de sa frontière nord.

La situation avait l’air bien moins sombre quand la rébellion a débuté il y a deux ans. La société syrienne semblait s’être libérée comme un seul homme de l’emprise de la peur et de la répression pour réclamer la fin de la dictature de M. Al-Assad. À l’époque, on pouvait envisager que des modérés remplacent le régime actuel car ils composent la majorité de la population syrienne. Il était également raisonnable de penser que les combats ne dureraient pas longtemps car la Turquie voisine, bien plus grande, en possession d’une armée puissante et partageant une importante frontière avec la Syrie, aurait utilisé sa puissance pour mettre rapidement fin au conflit.

Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a bien demandé avec force la fin des hostilités dès le début des combats en 2011. Mais au lieu de la capitulation du régime d’Al-Assad, le porte-parole du régime a publiquement ridiculisé M. Erdogan avant que les forces armées syriennes abattent un chasseur turc, tirent à l’artillerie lourde sur le territoire turc et fassent exploser plusieurs voitures piégées à un poste frontière. À la surprise générale, il n’y a pas eu de réponse significative turque. Cela s’explique par le fait que la Turquie est composée de larges groupes de minorités dissidents qui ne font pas confiance au gouvernement qui, à son tour, ne fait pas confiance a l’armée. Le résultat est une paralysie du pouvoir, laissant M. Erdogan spectateur impotent de la guerre civile faisant rage à ses portes.

Au lieu d’une rébellion soutenue et supervisée par la Turquie que les État Unis auraient pu fournir en conseils, armes et renseignements, c’est le chaos qui prévaut en Syrie.

La guerre est maintenant menée par des seigneurs de guerre locaux et des extrémistes de toutes sortes : fanatiques salafistes de type Taliban qui frappent et tuent même dévots sunnites car ceux-ci ne parviennent pas à imiter leurs coutumes étrangères, extrémistes sunnites abattant alaouites et chrétiens à cause de leur religion et djihadistes en provenance d’Iraq et du monde entier avec l’intention de transformer la Syrie en base arrière pour un djihad contre les États-Unis et l’Europe.

À la vue de cet état des lieux déprimant, la victoire décisive d’aucune des parties en présence n’est souhaitable pour les États-Unis. La restauration du régime d’Al-Assad soutenu par l’Iran augmenterait le pouvoir et le statut de celui-ci dans le Moyen Orient tandis qu’une victoire de la rébellion dominée par les extrémistes signifierait le début d’une nouvelle vague d’attaques terroristes par Al-Qaïda.

Il n’y a qu’une solution que les États-Unis puissent soutenir : un match nul permanent.

En maintenant l’armée d’al-Assad et ses alliés iraniens et le Hezbollah dans une guerre contre les extrémistes alignés sur Al-Qaïda, Washington maintiendrait quatre de ses ennemis dans une guerre les uns contre les autres, guerre qui les empêcherait de s’en prendre aux américains et à leurs alliés.

Cette solution est regrettable et même tragique, mais ce n’est pas un choix cruel envers le peuple syrien qui est en grande majorité, dans une situation similaire de dilemme.
Les Syriens non sunnites ne peuvent s’attendre qu’à une exclusion sociale ou, même à être massacrés si les rebelles gagnent, tandis que la majorité sunnite non fondamentaliste devra faire face à un retour de la répression politique en cas d’une victoire de M Al-Assad. Et si les rebelles gagnent, les sunnites modérés seraient marginalisés politiquement sous le pouvoir des fondamentalistes qui, de plus, mettraient en place une prohibition draconienne.

Maintenir un match nul devrait être l’objectif de l’Amérique. Et la seule façon d’y parvenir est d’armer les rebelles lorsque les forces de M. Assad sont en passe de prendre le dessus et d’arrêter dès que la situation s’inverse.

Cette stratégie est en fait assez proche de la politique de l’administration Obama jusqu’a présent. Ceux qui comparent l’approche prudente du président à une passivité cynique devraient admettre la seule alternative possible : une invasion américaine pour vaincre le régime d’Al-Assad et les rebelles qui le combattent.

Cela pourrait mener à une occupation militaire de la Syrie. Et très peu d’américains aujourd’hui sont prêts à supporter une autre aventure militaire couteuse au Moyen Orient.

A ce stade, toute action décisive dans un sens ou dans l’autre mettrait en danger les États-Unis, l’impasse est la seule option politique restante.

Source : The New York Times

Traduit par Rémi pour le blog www.les-crises.fr

2 réponses à [Traduction exclusive] En Sy

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