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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
16 janvier 2014

L'argent et son pipo en or...

Suite de notre série sur la taille des dépôts bancaires en zone euro.

Aujourd’hui, la conclusion de l’étude précédente va aboutir à une conclusion très intéressante.

Les montants en euros étant peu parlants, nous allons représenter en % du PIB le montant des principales dettes bancaires.

Les dépôts du secteur non bancaire

Observons les dépôts en fonction de leur origine : Domestique (déposants du même pays), de pays dans le reste de la zone euro, de pays dans le reste de l’Union européenne (hors zone euro) et enfin du reste du monde (hors UE).

On retrouve clairement dans les dépôts l’hypertrophie relative du Luxembourg, de Chypre (tiens, tiens…) et de Malte déjà détectée au niveau de la taille totale des secteurs bancaires.

Le poste majeur est évidement (et c’est encore heureux) celui des dépôts domestiques. On ne peut pas en conclure grand chose, car puisque suivant le vieil adage bancaire “Les crédits font les dépôts”, le taille dépôts est donc déterminée par le volume des crédits distribués, qui dépend de plusieurs choses – à commencer par le niveau des prix de l’immobilier et le pourcentage de propriétaires. Il est donc logique qu’il y ait bien plus de dépôts domestiques en Espagne qu’en Italie par exemple.

Nous allons donc poursuivre notre étude :

  1. en ne nous intéressant plus aux dépôts domestiques, mais uniquement aux dépôts étranger s présents dans le pays ;
  2. en analysant uniquement l’écart du pays par rapport à 110 % de la moyenne de la zone euro (110 % simplement pour supprimer les pays qui seront très très près de la moyenne, donc sans grand importance statistique)
  3. et en ne conservant que les pays qui ont AU MOINS UN type de dépôts étrangers supérieur à ces 110 % : on enlève les pays qui ne posent aucun problème.

Voici donc le résultat – les statistiques nous permettant même de scinder les dépôts du reste de la zone euro entre Ménages, Entreprises non financières et Sociétés financières (hors banques) :

On retrouve bien notre “trio infernal”, mais cette fois on analyse mieux les problèmes :

  • Le Luxembourg est le champion des havres fiscaux (traduction exacte de l’anglais “Tax Haven”, et non pas “Tax Heaven”), les sources étant bien “réparties” (seule l’UE hors ZE est moins bien représentée, mais c’est la plus pauvre, et l’Angleterre a déjà ses paradis fiscaux…) ;
  • Chypre est (était…) essentiellement un havre pour des déposants hors UE (surtout des Russes, donc), et dans une moindre mesure pour des particuliers de la zone euro (en fait quasi uniquement des Grecs quand on regarde le détail, et uniquement depuis 2010) ;
  • Dernière des grandes lessiveuses, Malte, est également spécialisée dans les dépôts non européens…

Zoomons pour les autres pays, qui ont des anomalies, mais relativement bien moins importantes :

On observe que :

  • l’Irlande n’a pas d’anomalie pour les dépôts de la zone euro en provenance des ménages ou des entreprises, mais une très importante pour les sociétés financières de la zone euro (en fait, principalement les compagnies d’assurance), ainsi que pour les dépôts du reste de l’UE (quasi totalement anglais) et du reste du monde ;
  • les Pays-Bas, rois du sandwich hollandais, figurent en bonne place, grâce à ce monument de gastronomie fiscale, essentiellement prisé par des entreprises de la zone euro et par des déposants non européens (ami Google…) ;
  • la Belgique (souvent classée Paradis Fiscal, comme ici par Forbes par exemple), est surtout prisée par des sociétés financières (hors assurances) de la zone euro ;
  • la Grèce, qui comprend encore beaucoup de dépôts du reste de l’UE hors ZE (en fait, ce sont des capitaux anglais) ;
  • l’Autriche, qui comprend des anomalies au niveau de la masse des dépôts de ménages et de sociétés financières de la zone euro (principalement allemands) ;
  • le Royaume-Uni est aussi hors normes, mais sa position de hub financier l’explique ;
  • et on termine par la Lettonie, qui mérite aussi son surnom de lessiveuse, pour capitaux anglais et russes (rappelons que ce pays est censé entrer dans la zone euro en janvier 2014…).

Les 17 autres pays de l’UE ne laissent pas apparaître d’anomalie au niveau des dépôts bancaires.

On ne peut cependant pas s’arrêter uniquement aux montants relatifs. Voyons donc ce que représentent ces anomalies, mais cette fois en milliards d’euros.

Le Royaume-Uni remporte la palme de l’anomalie financière (et encore, on ne dispose pas des chiffres hors zone euro) - mais c’est difficilement interprétable. Zoomons donc :

La palme revient donc finalement aux Pays-Bas, dont les banques contiennent près de 140 Md€ de capitaux excédentaires (surtout entreprises zone euro et dépôts non européens), suivis duLuxembourg (114 Md€, éclectique) et de la Belgique (72 Md€, sociétés financières de la zone euro) – podium que vous n’auriez sans doute pas spontanément cité… Si on rajoute les 50 milliards del’Irlande, on a les principaux pays dont le niveau des dépôts bancaires étrangers est anormalement haut.

Malte et Chypre ont ainsi un business model orienté vers l’attraction démesurée de capitaux, mais observé en montants absolus, les effets en sont assez limités.

On aboutit ainsi à 450 milliards d’euros de capitaux qui ne devraient normalement pas se trouver dans ces pays. Cela ne veut pas dire que ces sommes sont toutes illégales ou qu’elles ont cherché à frauder le fisc,  mais c’est probablement le cas d’une bonne partie (on ne place pas son argent au Luxembourg ou à Chypre par hasard). Ces sommes ne sont en outre pas un majorant de l’évasion fiscale, car l’analyse s’est limitée aux dépôts bancaire uniquement, et pas aux investissements.

Les dettes interbancaires

Nous pouvons faire la même étude – en plus rapide – pour les dettes interbancaires :

On retrouve notre ”trio infernal”. Là-encore, oublions les dettes domestiques, et observons les écarts à 110 % de la moyenne des seuls pays excédentaires :

On observe des investissements souvent hétérogènes. La Finlande fait une entrée remarquée dans le classements interbancaire – c’est sans doute une porte d’entrée pour des capitaux russes, comme laSuède.

Analysons en valeur absolue :

On retrouve comme précédemment le Luxembourg, les Pays-Bas, et l’Irlande. La France remonte dans le classement – même si les montants étaient faibles par rapport aux PIB ; c’est sans doute un effet de nos mégabanques universelles. Les 16 autres pays européens ne présentent aucune anomalie. Le total en anomalie est ici de 740 Md€.

Les dépôts du secteur non bancaire

On peut conclure cette série en sommant les deux types de passif :

En % du PIB, donc en type de modèle financier, Luxembourg, Malte, Chypre et Irlande sont les 4 pays majeurs. Zoomons :

Voici la conclusion pour les montants absolus de capitaux étrangers qui sont surreprésentés dans le pays :

ce qui donne en zoomant pour que l’Angleterre ne pollue pas la vision :

Ce qui confirme les 4 anomalies financières massives de la Zone Euro :  les Pays-Bas, le Luxembourgla Belgique et l’Irlande.

Le total général des dettes bancaires en anomalie d’affectation dans la zone euro frôle donc les 1 200 Md€.

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