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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
4 février 2014

Les isolationnistes en question...

Suite de l’analyse sur l’Allemagne avec cet article de Libération de mai 2013 que je viens de découvrir…

Joschka Fischer

Joschka Fischer

Si l’envie vous prenait de chercher quelques paroles réconfortantes sur la gestion de la crise par le couple franco-allemand, d’imaginer un avenir à cette Europe secouée chaque semaine dans tous les sens et de vous préparer à voter sereinement l’année prochaine aux élections du Parlement européen, il est tout à fait déconseillé d’interviewer Joschka Fischer, l’ancien vice-chancelier Vert et ministre des Affaires étrangères d’Allemagne de 1998 à 2005.

C’est ce que Libération a fait devant le public attentif du European Lab à Lyon, en ce 8 mai, date anniversaire d’un armistice dont Joschka Fischer considère qu’il marque le début de la fin. «C’est l’histoire qui a fait l’Europe et c’est aujourd’hui notre plus gros problème Avant le 8 mai 1945, l’Europe était fondée sur la concurrence d’États souverains, sur la méfiance, les conflits de pouvoirs, et, in fine, sur la guerre. Le nouveau système européen a été construit sur la confiance, la solidarité et le compromis.» Pour l’ancien ministre, il est clair que depuis, on n’a pas trouvé la bonne martingale et si sa vision des trois grandes puissances aux commandes n’est pas sans humour, elle n’en décrit pas moins une désespérante réalité. «Les Anglais vivent sur une île avec des relations privilégiées avec les États-Unis et ne se sentent pas particulièrement attachés au continent, les Français pensent que la France c’est vraiment très joli –et c’est vrai !- et ne voient pas pourquoi ça changerait, et les Allemands pensent qu’ils fabriquent les meilleurs produits et disent Laissez nous exporter ! Bref, chaque Etat souverain est dans une position isolationniste. »

À la nage

Joschka Fischer ne manque pas d’images très parlantes pour décrire aussi la situation actuelle dans une version dynamique. «On nage et on est au milieu du fleuve. On a trois solutions. Soit on revient sur la berge de départ et on arrête l’euro et je vous laisse imaginer la tête des Américains et des Chinois, soit on ne fait rien et on se suicide en se laissant emporter par le courant, soit, et pour moi c’est l’unique solution, on essaye d’atteindre l’autre rive qui est l’union politique.» Joschka Fischer se prononce ainsi pour des transferts massifs de souveraineté, notamment en matière financière, bancaire et fiscale. Gérard Collomb, le maire de Lyon ne dira pas autre chose un peu plus tard. «Je suis fédéraliste. S’il n’y a pas une véritable politique de coordination, l’Europe se défera.»

Accord sur le diagnostic, et pourtant. Sans attaques ad hominem, avec ce discours entre les lignes qui sied à l’ex patron de la diplomatie, il est clairement apparu que pour Joschka Fischer, Angela, François, José Manuel et les autres ne lui paraissent pas être la bande d’amis idéale qui combinerait courage, audace et détermination pour faire cause commune. Alors lui, peut-être ? Homme de consensus unanimement apprécié des deux côtés du Rhin. «Non, je suis à la retraite désormais et pour des raisons personnelles, je ne reprendrai pas du service.» Reste encore les futures élections européennes. Joschka Fischer admet que des élections à cette échelle géographique de circonscriptions et non plus État membre par État membre pourrait changer la donne, manque probablement 27 et bientôt 28 majorités pour changer le mode de scrutin. Désespérant ? «Non, seulement très dangereux» assure-t-il. Joschka Fischer nous offre une dernière image joyeuse pour la route, «c’est comme une infection, si vous ne la soignez pas avec les bons médicaments, elle s’étend et il n’y a plus de solutions durables».

On vous avait prévenus, si vous voulez encore croire au Père Noël en costume bleu avec 27 étoiles scintillantes, n’en parlez pas à Joschka Fischer.

Pierre HIVERNAT

Source : liberation.fr


J’avoue que c’est la phrase soulignée qui m’a donné envie de faire ces papiers. Car tout est là.

C’est une très belle métaphore. Il a oublié un point : beaucoup de grands spécialistes (économistes, monétaristes, géopolitologues) ont clairement dit que ce n’était pas un gentil fleuve, mais un torrent déchainé par d’immenses courants à proximité d’une cascade.

Et la vision de Fischer est bonne – mais il faut traduire :

  • soit on rebrousse chemin, et on survit, mais les chinois se moquent de nous (enfin, euh, de Joschka Fischer plus précisément, moi j’ai pas décidé l’euro) ;
  • soit on en fait rien et on se noie ;
  • soit on “essaye” quand même. Et c’est impossible, et on se noie.

Et il conseille quoi le gars ? Entre la honte pour lui et la mort du pays ?

Sérieusement ?


Lire d’urgence la vision d’Oscar Lafontaine, président du SPD de 1995 à 2005 qui lui, a encore une once de géopolitique dans les veines… Et, surtout, du courage !


Maus rassurez-vous, tout n’est pas perdu pour tout le monde, comme on l’apprend dans cet article du Point de déc. 2011…

Schröder et Fischer, rois du pétrole

Allemagne. L’ex-chancelier et son ministre se sont lancés dans de juteuses affaires. Par la correspondante Pascale Hugues

Automne 2005. Gerhard Schröder vient tout juste de perdre les élections. Il est dans les cartons, affairé à déménager son bureau de la chancellerie. Il cède son fauteuil à Angela Merkel. Ce soir-là, il est venu faire ses adieux à la presse étrangère.”Et maintenant, monsieur le chancelier, quels sont vos projets ?” lui demande un journaliste. Schröder bombe le torse et, triomphal, lance : “Maintenant, je vais gagner de l’argent !”

Pari tenu. Schröder ne respecte aucun délai de carence ni aucune bienséance. Il a 61 ans. Il veut travailler, dit-il. Dès janvier 2006, il devient conseiller pour les questions de politique internationale de Ringier, le plus grand groupe de presse suisse, avec un salaire dont le montant ne sera pas révélé et un bureau au cinquième étage du siège, à Zurich, avec vue sur le lac.

Parallèlement, les Allemands découvrent, médusés, que leur ancien chancelier vient d’être engagé par le géant gazier russe Gazprom pour diriger le conseil de surveillance du consortium germano-russe, chargé de la construction du gazoduc North Stream reliant la Russie à l’Allemagne sous la Baltique. L’annonce de cette reconversion, quelques jours après la passation de pouvoir à Berlin, provoque un vif débat. Se sachant sur un siège éjectable et soucieux d’assurer sa retraite, Schröder a-t-il conclu un deal avec Vladimir Poutine avant les élections ? Le chancelier sortant a en effet défendu bec et ongles le projet de gazoduc, dont le contrat a été paraphé à la hâte à Berlin le 8 septembre 2005, quinze jours avant le scrutin. La cérémonie a même été avancée de quelques semaines. Plusieurs journaux affirment que ce poste grassement rémunéré aurait été réservé de longue date à Schröder par Poutine, bon connaisseur de l’Allemagne : il fut jadis chef du KGB à Dresde. Une camaraderie virile unit les deux hommes. Vladimir vient fêter le 60e anniversaire de son ami Gerhard à Hanovre, accompagné d’un choeur de cosaques. Quand le couple Schröder adopte deux enfants russes, les liens se renforcent encore.

Ce contrat jette la suspicion sur l’intégrité de celui qui dirigea l’Allemagne pendant sept ans. Les critiques fusent de partout. Wolfgang Schäuble, à l’époque ministre de l’Intérieur chrétien-démocrate, et aujourd’hui ministre des Finances, estime que Schröder a “porté atteinte à la réputation de la classe politique”. Le journal Die Zeit accuse Schröder d’être sur le point de devenir “un oligarque au service du capitalisme d’Etat russe”. Les Verts crient au népotisme. Quant à Merkel, elle souhaite qu’un débat soit mené sur le “code de conduite” des hommes politiques à la retraite.

Assumés. Schröder laisse passer l’orage et, impavide, continue à collectionner les contrats lucratifs. Il conseille la banque Rothschild, devient le conférencier le mieux payé d’Allemagne et, en janvier 2009, est promu au conseil d’administration du pétrolier russo-britannique TNK-BP. Parmi les fonctions de l’ex-chancelier : veiller à l’engagement écologique du groupe. Or, en Sibérie occidentale, la région de Samotlor a été ravagée par les forages pétroliers. Une des plus grandes catastrophes écologiques de la planète est passée sous silence.

Mais Schröder n’est pas le seul à arrondir grassement ses fins de mois de retraité. C’est sur Gendarmenmarkt, la place la plus noble du coeur historique de Berlin, que la société de consulting Joschka Fischer – Co a pignon sur rue depuis le 2 juillet 2009 – 210 mètres carrés de bureaux design. L’ancien ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier vert, coéquipier de Schröder à la barre de l’ex-coalition rouge-verte, met à la disposition de grands groupes son carnet d’adresses bien rempli, ses contacts internationaux prestigieux, sa notoriété et ses talents de rhétoricien.

Cet ancien gauchiste pur et dur, ancien chauffeur de taxi, lecteur assidu de Karl Marx et membre dans les années 70 du groupuscule Combat révolutionnaire, possède aujourd’hui une villa somptueuse à Grunewald, le Neuilly de Berlin. Sa retraite de ministre – 11 000 euros mensuels – ne lui suffit pas. C’est pourquoi il met copieusement du beurre dans ses épinards. Depuis qu’il a quitté les bancs du gouvernement, Joschka Fischer a tour à tour signé plusieurs contrats à faire pâlir d’envie. Conseiller du constructeur automobile BMW, Fischer est chargé de promouvoir la conscience écologique au sein du groupe et de développer des voitures non polluantes. Siemens, premier groupe européen de haute technologie, qui sort à peine d’un énorme scandale de corruption, veut profiter de l’image valorisante de celui qui fut, pendant des années, l’homme politique préféré des Allemands. Fischer a aussi pour mission de remplir les rayons de la chaîne de supermarchés géante Rewe de produits bio. L’ancien ministre se défend d’avoir été embauché pour donner “un coup de pinceau vert”à ces groupes. Il ne s’agit pas d’un “coup médiatique”, dit-il, mais d’un engagement sincère pour une cause à laquelle il croit et au profit de laquelle il peut mettre l’expérience accumulée durant ses années au pouvoir.

Mais surtout, Fischer a signé un contrat de “conseiller politique” avec le groupe énergétique allemand essentiellement charbonnier RWE, gros pollueur crachant du CO2 en quantité industrielle et constructeur des centrales nucléaires honnies des Verts ! Fischer conseille RWE sur le projet Nabucco, un gazoduc de 3 300 kilomètres reliant la mer Caspienne à l’Europe de l’Ouest pour réduire la dépendance de celle-ci au gaz russe. Le travail de lobbyiste de Fischer consiste à ouvrir les portes du pouvoir dans les pays d’Asie centrale et en Turquie. Selon Manager Magazine, il devrait toucher plusieurs centaines de milliers d’euros pour ses services. Ironie du destin, Fischer et Schröder, les deux coéquipiers d’antan, se retrouvent donc à la tête de projets rivaux.

Traîtres. C’est Madeleine Albright, l’ancienne secrétaire d’Etat américaine, qui a pris le ministre allemand sous son aile et l’a propulsé dans le monde des affaires. Les deux amis entretiennent des liens étroits. Mais les Etats-Unis ultralibéraux ne sont pas l’Allemagne puritaine, où ce genre de reconversion choque. Ce qui est admis chez les chrétiens-démocrates et les libéraux est encore très mal vu dans les milieux de gauche, où l’on est vite accusé de vendre son âme.

La clientèle sociale-démocrate traditionnelle se sent trahie par l’un des siens.”Il était impossible de prévoir en se penchant sur mon berceau que je serai un jour chancelier de l’Allemagne. Personne ne m’a jamais fait de cadeaux et j’en suis particulièrement fier !” aime rappeler Schröder. Il est l’archétype du self-made-man. Il n’a jamais connu son père, Fritz, mort au combat. Pour nourrir la famille, sa mère, Erika, fait des ménages. Peut-être ses activités lucratives sont-elles une revanche. Les complets de grands faiseurs et les gros cigares du chancelier avaient déjà irrité. Ses bons contacts avec les milieux économiques lui avaient valu le surnom de “chancelier des patrons”.

Même haut-le-coeur chez les Verts. Que leur “Joschka” s’en mette plein les poches, vive comme un pacha et ressemble maintenant à un bourgeois repu les rend fous de rage. Schröder et Fischer peuvent se vanter, en tout cas, d’avoir brisé un tabou à gauche. Pour le meilleur et pour le pire.

Tony Blair, machine à cash

Schröder et Fischer ont beaucoup à apprendre de Tony Blair. L’ancien Premier ministre britannique joue au M. Bons-Offices pour le Proche-Orient à titre gracieux mais facture ses autres prestations au prix fort. Tout récemment recruté par le Kazakhstan (plus de 9 millions d’euros par an), il conseille également la banque JP Morgan, l’assureur Zurich Financial, une compagnie pétrolière coréenne et ne donne pas de conférence à moins de 300 000 euros.

Les revenus annuels de Joschka Fischer et Gerhard Schröder

Joschka Fischer (revenu annuel estimé)

  • RWE : plusieurs centaines de milliers d’euros
  • BMW : inconnu
  • Conférences : 35 000 à 50 000 €.

Gerhard Schröder (revenu annuel estimé)

  • Gazprom : 250 000 €.
  • TNK-BP : 200 000 €.
  • Ringier : 150 000 €.
  • Conférences : 100 000 € chacune.

Source : Le Point

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