L'Allemagne de Sarkozy, un pays imaginaire 02
L'Allemagne de Sarkozy, un pays imaginaire
L’obsession allemande de Nicolas Sarkozy est née vers le printemps 2009. Auparavant, le chef de l’Etat n’en parlait guère. Mais avec la crise, la référence à l’Allemagne, première économie d’Europe dont les performances macro-économiques sont en effet enviables (à commencer par son excédent commercial), est devenue obsessionnelle.
Pendant ces cinq années, inlassablement, Nicolas Sarkozy a raconté une fable allemande. Un conte de fées économique. Il a inventé des statistiques, multiplié raccourcis et omissions, attribué par erreur des mesures à l’ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder pour mieux tancer les socialistes français, invoqué à tout bout de champ « Madame Merkel » pour justifier ses réformes. A contrario, le chef de l’Etat n’a pas hésité à taper sur l’Allemagne quand la comparaison le servait politiquement – pour noter l’atonie démographique allemande ou critiquer le choix de renoncer au nucléaire.
Bouclier fiscal, impôts, coût du travail, retraites… : voici comment Nicolas Sarkozy a tenté de vendre aux Français un «modèle» pas si exemplaire.
Le faux bouclier fiscal
Ce mensonge-là a duré un an et demi. Nicolas Sarkozy a toujours prétendu que l’Allemagne disposait d’un bouclier fiscal assurant aux contribuables de ne pas être imposés à plus de 50 %, comme celui instauré en 2007. C’était faux. Première salve à Bruxelles, le 20 mars 2009 :
« Ils [Les Allemands] ont le bouclier fiscal, ils l'ont depuis 25 ans, il n'y a pas une formation politique qui en demande la suppression, pas une. »
Rebelote quelques jours plus tard, à Saint-Quentin (Aisne) : « Ne pas prendre par l'impôt direct plus de 50 % du revenu d'un ménage, c'est un principe de liberté, de liberté. C'est un principe qui est en Allemagne inscrit dans la Constitution – nos amis allemands, principaux concurrents, principaux partenaires, notre grand voisin. (…) Les Allemands y sont tellement attachés qu'ils l'ont inscrit dans la Constitution. » « Il ne viendrait naturellement à l'idée d'aucun membre de la CDU [le parti chrétien-démocrate de la chancelière Angela Merkel, ndlr] de revenir sur cet engagement, mais – plus intéressant – d'aucun socialiste allemand non plus. »
Le chef de l’Etat remet le couvert à Nîmes, le 5 mai. Et à nouveau, le 14 décembre 2009, lors d’une conférence de presse sur le grand emprunt :
« L'Allemagne a un bouclier fiscal et le bouclier fiscal est inscrit dans la Constitution. »
La N°1 Allemande, se demande bien si toutes ces simagrées riment bien à quelque chose. Car elle aussi voit poindre des élections et s'afficher avec ce président décrédibilisé aux yeux de l'Europe, n'est plus le schéma le plus profitable.
alors, vite...