escamotage ou pas?
Autour du Smic, le clivage gauche-gauche
En toute discrétion, François Hollande a changé d'avis. Le revirement est passé quasi inaperçu, le candidat socialiste à la présidentielle l'ayant habilement camouflé dans les circonlocutions de sa redoutable rhétorique. Mais il y a les faits. Même si l'idée avait été évoquée ces derniers mois par son entourage, la hausse duSmic ne figurait pas dans « l'agenda du changement » dévoilé par le candidat socialiste. Il y a une semaine encore, ses lieutenants n'évoquaient pas la possibilité d'un coup de pouce du salaire minimum après l'élection, alors qu'une telle hausse est souvent considérée, à tort ou à raison, comme un passage obligé de tout nouveau président.
Jeudi dernier, le candidat a pourtant changé d'avis. « Il y aura un geste sur le Smic, un acte sur le Smic, a-t-il expliqué àLibération. D’abord, nous réunirons les partenaires sociaux, c’est ainsi que je veux procéder. Je verrai à ce moment-là le coup de pouce qui doit être donné. »
Le lendemain, invité de notre soirée Mediapart 2012, François Hollande confirmait qu'il aurait lieu au « mois de juin ». Montant de la hausse ? Le candidat refuse de le dévoiler avant la conférence sociale prévue cet été avec les syndicats et le patronat.
Dans cette campagne, le sujet emblématique du salaire minimum illustre un réel clivage idéologique et programmatique entre Jean-Luc Mélenchon et François Hollande. Le candidat du Front de gauche, possible troisième homme de la campagne, symbolise une gauche qui fait du pouvoir d'achat des salariés les moins bien payés une priorité dans le cadre d'une grande politique de relance. Hollande, lui, incarne jusqu'au bout des ongles la “deuxième gauche” sociale-démocrate, économiquement plus orthodoxe, qui admet la contrainte budgétaire et se méfie des effets pervers des hausses discrétionnaires du Smic.
On sait que de son côté, Eva Joly, la candidate d'Europe Écologie-Les Verts, ne fait pas de l'augmentation du Smic une priorité etplaide pour une hausse des minima sociaux, qui sont de fait parmi les plus bas d'Europe.
Reste que le débat sur le pouvoir d'achat, et le Smic en particulier, risque de resurgir très vite dans bien des débats économiques et sociaux si François Hollande accède le 6 mai à la présidence de la République.
Que dire de ces prises de positions? Le SMIC à 1700 euros "bien sûr", dit-il, mais ce n'est pas sa priorité. Le SMIC ne tombe pas du ciel après une aurore boréale, mais après discussions paritaires avec les Syndicats.
Ce n'est pas de la magie!