Nous avons vu dans le billet précédent de Météo Monétaire que les monnaies évoluaient beaucoup, en fonction en particulier de la spéculation financière.
Pourtant, on comprend intuitivement “qu’en vrai”, une telle valeur ne peut évoluer aussi vite. On se demande dès lors si on ne pourrait pas essayer de calculer une “valeur réelle” des monnaies, afin de savoir si au final, c’est par exemple l’euro qui monte ou le dollar qui baisse…
Une option possible serait de définir la “parité juste” comme étant celle qui équilibre la balance commerciale. Mais c’est assez complexe à calculer simplement – bien qu’indispensable.
« Si les taux de change ne correspondent pas à l’équilibre des balances commerciales, le libre-échange ne peut être que nuisible et fondamentalement désavantageux pour tous les pays participants. » [Maurice Allais, Combats pour l'Europe, 1994]
Nous allons utiliser une seconde approche, basée sur les Parités de Pouvoir d’Achat (PPA). Le pouvoir d’achat d’une quantité donnée d’argent dépend en effet du coût de la vie, c’est-à-dire du niveau général des prix. La PPA permet de mesurer combien une devise permet d’acheter de biens et services dans chacune des zones que l’on compare. On peut dès lors utiliser ce concept pour établir une comparaison entre pays du pouvoir d’achat des devises nationales, ce qu’une simple utilisation des taux de change ne permet pas de faire.
La méthode PPA donne ainsi un niveau d’environ 1,20 $ pour 1 €. Avec ce concept basé sur les niveaux de vie, on constate que l’euro reste encore un peu surévalué.
Nous allons même nous livrer à un jeu rétrospectif, en estimant la parité qu’aurait eu l’euro s’il avait existé avant 1999 (via un panier des anciennes monnaies pondéré chaque année par le PIB), et en le comparant aux PPA :
On observe l’impact très déstabilisant de la fin des accords de Bretton Woods, l’effet des accords du Plaza de 1985, et la tendance historique à la sous-évaluation des monnaies européennes dans le passé lointain, au désavantage des États-Unis.
On peut faire de même pour les autres monnaies :
Le yuan est donc sous-évalué de 50 %.
Le yen est quant à lui surévalué de 30 %.
La livre est à sa juste parité.
Symbole des craintes actuelles, le franc suisse est surévalué de 70 %. (c’est suicidaire)
Le real brésilien est proche de sa juste parité.
Enfin, la roupie indienne est sous-évaluée de 65 %. La monnaie du bloc ChinInde est donc sous-évaluée de près de 60 %, et donc les prix de nos concurrents sont trop bas d’autant…
“Concurrence libre et non faussée” ?