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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
1 juin 2013

Châteaux de sable

ourq_p

  Nouvel article de notre ami Berruyer, mais, car hélas il y a un mais, amputé des vidéos qui l'accompagnaient ne pouvant les faire suivre.
                  L'article vous est donc livré tel quel car il revêt tout de même un intérêt certain, et ce même sans les vidéos.
Juin 2013

Pour changer un peu, un intéressant reportage dans la lignée du Peak Everything.

Amusant, je n’aurais pas imaginé qu’on puisse un jour manquer de sable…

De Bombay à la Bretagne en passant par Dubaï, Tanger ou les Maldives, cette passionnante enquête en forme de thriller dévoile une urgence planétaire : la menace qui pèse sur le sable, ressource vitale dont le pillage s’accélère.

LE SABLE – ENQUÊTE SUR UNE DISPARITION

 

On le trouve dans le béton, qui alimente, au rythme de deux tonnes par an et par être humain, un boom immobilier ininterrompu. Mais aussi dans les puces électroniques, le papier, le plastique, les peintures, les détergents, les cosmétiques… Ce sable que nous aimons fouler du pied ou laisser filer entre nos doigts s’est glissé à notre insu dans tous les interstices de notre quotidien. L’industrie le consomme en quantités croissantes, plus encore que le pétrole. Peut-être parce que, contrairement à l’or noir, cette matière première perçue comme inépuisable est restée à ce jour pratiquement gratuite. Alors que le sable des déserts est impropre à la construction, les groupes du bâtiment ont longtemps exploité les rivières et les carrières. Puis ils se sont tournés vers la mer, provoquant ce qui est en train de devenir une véritable bombe écologique. Car le sable joue un rôle essentiel dans la protection des côtes et l’équilibre des écosystèmes marins. Les conséquences de cette surexploitation apparaissent peu à peu au grand jour. Petit à petit, les appétits économiques ont grignoté au moins 75 % des plages du monde, et englouti des îles entières, en Indonésie et aux Maldives, tandis que Singapour ou Dubaï ne cessaient d’étendre leur territoire en important, parfois frauduleusement, du sable. Disparition des poissons, impact aggravé de l’érosion et des tempêtes, bords de mer devenus lunaires … : face aux timides régulations adoptées pour tenter de limiter le pillage, la “ruée vers le sable” s’est en réalité accélérée, sous l’égide de grandes entreprises multinationales et de mafias locales.

LA GUERRE DU SABLE – LE DÉBAT

Débat avec Denis Delestrac, réalisateur du documentaire ‘Le sable – Enquête sur une disparition’, et Norbert Métairie, maire de Lorient. Animé par Andrea Fies (15mn)

 

SABLE EN CHIFFRES

” MAIS IL EST OÙ, NOTRE SABLE ? “

Interview de Denis Delestrac, réalisateur du documentaire “Le sable – Enquête sur une disparition”

 

” LE CORDON LITTORAL, UN ÉCOSYSTÈME À PROTÉGER “

” Le cordon littoral, un écosystème à protéger ” – Interview de Norbert Métairie, maire de Lorient

 

LA GUERRE DU SABLE

Du portable à l’autoroute, le sable est partout. Objet de toutes les convoitises, l’exploitation et la commercialisation du sable connaissent un véritable boom – au détriment de l’environnement. Le géologue Michael Welland nous éclaire dans cette interview sur les enjeux liés à cette ressource, de la destruction des plages jusqu’au développement d’une véritable « mafia du sable ».

Quelle est la définition géologique du sable ?

Aussi surprenant que cela paraisse, elle ne repose que sur la taille des grains. Quelle qu’en soit la composition, tout solide dont le diamètre est compris entre 0,065 mm et 2 mm de diamètre, techniquement, est appelé “sable”. Plus petit, c’est du limon ou de l’argile, plus gros, du gravier. Parce qu’il est aisément transporté par le vent et par l’eau, le sable constitue le matériau géologique le plus dynamique de la planète et joue un rôle irremplaçable dans l’équilibre général de la croûte terrestre. C’est pour la même raison qu’il est indispensable à un si grand nombre d’industries, qui l’ont rendu omniprésent dans notre quotidien : dans le béton, bien sûr, mais aussi le verre, le papier, les puces électroniques, le plastique, le fuselage des avions… L’industrie recourt pour l’essentiel au sable de quartz, c’est-à-dire de silice, qui constitue à peu près 70 % de la totalité. Ce sable-là constitue un matériau très résistant, qui a traversé des centaines de millions d’années selon un processus continu de fabrication et de recyclage.

Ce sable est-il vraiment en train de disparaître, ou de se raréfier ?

Il ne disparaît pas à proprement parler, mais son exploitation massive est en train de bouleverser complètement la manière dont il se comporte, avec de graves conséquences locales et globales. Quand vous en prélevez de grandes quantités sur une plage, dans le lit d’une rivière ou au fond de la mer, vous affectez un écosystème extrêmement complexe et dynamique, dans lequel le sable se dépose en fonction des courants, des marées et des vents. Par exemple, si le cyclone Sandy a ainsi ravagé la côte Est des États-Unis à la fin de l’année 2012, c’est en partie à cause de ce que nous avons fait aux plages, qui constituaient des barrières naturelles contre de telles tempêtes. Trop souvent, les dunes ont été partiellement détruites, tandis qu’on a construit de plus en plus près du rivage : cela a considérablement aggravé l’impact de n’importe quelle tempête frappant aujourd’hui un littoral urbanisé. Par ailleurs, une grande part du sable terrestre est désormais prisonnière du béton que le secteur de la construction consomme en quantités toujours croissantes et en ce sens, il disparaît. Cela fait des décennies que l’on surexploite le sable, mais bien sûr, la croissance continue de la population et de l’économie aggravent les choses. Et on ne peut plus ignorer les conséquences : ici, Katrina et Sandy ; là, comme dans l’archipel indonésien et celui des Maldives, des îles entières englouties par la mer…

Quelles sont les principales utilisations industrielles du sable ?

Le secteur de la construction en est le plus gros consommateur, bien sûr. Ainsi, 200 tonnes de sable sont utilisées pour la construction d’une maison de taille moyenne, contre 30 000 pour un kilomètre d’autoroute, ou encore 12 tonnes pour une centrale nucléaire. Mais certains sables contiennent aussi des minéraux importants qui, eux, ont une forte valeur commerciale. L’or, par exemple. Les conséquences de la ruée vers l’or en Californie de la fin du XIXe siècle sont toujours visibles aujourd’hui dans les dépôts de sable de la baie de San Francisco. Ou le diamant : en Namibie, on exploite massivement le sable diamantifère. Les sables ferreux – qui donnent aux plages une couleur noire ou gris sombre – sont recherchés pour leur forte concentration en métaux, comme le titane, et font l’objet d’un marché noir important. Les sables d’étain constituent par exemple une ressource économique importante pour l’Indonésie : au large de Sumatra, d’énormes bateaux draguent en permanence les fonds marins, ce qui a bouleversé l’écologie de toute la zone, privant les pêcheurs locaux d’un mode de subsistance qui les nourrissait depuis des générations.

Combien pèse le marché du sable ?

Il est impossible de donner des chiffres précis, puisqu’il reste une matière première qui, en tant que telle, n’a pratiquement aucun coût – on ne paie que la main d’œuvre et le transport. Il est donc considéré comme une ressource gratuite qui, pas plus que l’air ou que l’eau, n’est quantifiable économiquement. Seules les transactions légales internationales font l’objet de statistiques, alors que l’essentiel du marché est local : un pays dont l’économie et singulièrement, le secteur de la construction sont en train de croître va recourir à son propre sable, s’il en a sur son territoire. L’exemple le plus frappant est celui de la Chine, où la demande de béton est colossale, et où le sable utilisé provient surtout de l’intérieur du pays. Il en va de même pour le Maroc, le Viêt-nam, l’Inde… En outre, comme on le voit dans le film de Denis Delestrac, au fur et à mesure que la ressource se raréfie et même si de timides régulations sont adoptées pour la protéger, les mafias s’emparent de la filière… Bien sûr, elles non plus ne fournissent pas de statistiques ! Cela dit, on estime que, chaque année, on produit deux tonnes de béton par être humain. Ce qui équivaut à cinq à quinze milliards de tonnes de sable extraites de leur environnement naturel.

Par quoi pourrait-on le remplacer ?

Tout ce qui est à base de sable, notamment le verre, mais aussi le béton, peut être recyclé pour fabriquer… du sable. Mais pour l’instant, précisément parce que le coût du sable reste si faible, toutes ces activités restent économiquement marginales, et incapables de répondre à la demande massive et continue. Il faudrait une volonté politique forte pour que des alternatives se dégagent. Il y en a beaucoup : l’humanité n’a pas attendu l’invention du béton armé pour construire des édifices solides. Un autre problème majeur reste l’exploitation abusive du sable marin, ressource finie par excellence, par opposition au sable du désert. En effet, le sable marin est particulièrement apprécié pour ses qualités mécaniques. Du fait du frottement provoqué avec l’air, les grains de sable en provenance de zones désertiques présentent, si l’on regarde au microscope, une structure beaucoup plus arrondie, ce qui les rend impropres comme matériaux de construction : ces grains ne se solidifient pas. Ce qui n’est pas le cas pour le sable brut issu des fonds marins. Ces différences de propriétés expliquent ainsi pourquoi Dubaï, malgré l’étendue de ses zones désertiques, est dépendant d’importations de sable, notamment australien.

Comment expliquer l’indifférence des pouvoirs publics, Union européenne comprise ?

C’est un problème de prise de conscience collective. Pour la majorité des gens, y compris, malheureusement, des décideurs politiques, le sable n’est pas perçu comme une ressource menacée, donc à protéger. Partout dans le monde, les besoins économiques immédiats, notamment ceux du secteur de la construction, priment sur toute autre considération.

En outre, les règles timides adoptées pour protéger les plages ou les fonds marins ne servent souvent à rien, parce qu’elles ne sont pas appliquées. Non seulement parce qu’il est impossible de poster un policier sur chaque plage, mais aussi parce que dans de nombreux pays, les mafias du sable ont des connexions en haut lieu, qui leur permettent d’opérer en toute tranquillité. A titre d’exemple, au Maroc comme au Sénégal, ces mafias contrôlent les activités extractives sur environ 45 % des plages de sable locales. Ces réseaux agissent de manière radicale et avec pour seul mot d’ordre de générer du profit – une véritable catastrophe écologique.

Est-il trop tard pour agir ?

Pour les gens qui ont vu leurs îles englouties par la mer, pour les pêcheurs qui n’ont plus de poissons dans leurs filets, oui, c’est trop tard. Mais pas d’un point de vue global. Et c’est d’abord une question d’information : les gens doivent comprendre, et c’est urgent, que nous ne pouvons continuer à consommer du sable à une telle échelle, et à un coût aussi faible. C’est pourquoi un film comme celui de Denis Delestrac est important.

Interview: Irène Berelowitch pour ARTE Magazin

Diplômé de Cambridge et de Harvard, géologue chercheur et consultant, Michael Welland est l’auteur d’un livre sur le sable : Sand – A Journey Through Science and the Imagination (2009, Oxford University Press).

Source : Arte

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