"La politique, c'est comme la boxe, il faut se méfier d'un mauvais coup jusqu'à la fin du combat", affirmait Laurent Lopez, candidat Front national, lors de l'entre-deux tours de la cantonale partielle de Brignoles dans le Var. Laurent Lopez était arrivé avec vingt points d'avance au premier tour, la semaine dernière. C'est avec 53,9 % des voix (5 301 voix) qu'il a finalement remporté ce scrutin contre 46,1 % (4 301 voix) à la candidate UMP, Catherine Delzers.
"Je pense à mes électeurs, à tous ces bannis, à ce peuple modeste", a réagi le nouvel élu à l'annonce de sa victoire. "Je suis très heureux, c'est un score sans ambigüité", a-t-il encore dit, qualifiant sa victoire de "divine surprise". A ses côtés la députée FN Marion Maréchal-Le Pen s'est dite "fière" du candidat de son parti :"Il a réussi malgré l'alliance UMP-PS", a-t-elle déclaré.
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Le "mauvais coup", il pouvait venir de l'appel des quartiers généraux parisiens des partis de gauche à "un front républicain". Mais ils n'ont pas suffi à mobiliser les électeurs Brignolais. En particulier, les électeurs de gauche qui se souviennent que lors des élections précédentes lorsque les duels opposaient un candidat FN et le maire communiste, "l'UMP n'a pas appelé au Front républicain", rappelle Magda Igyarto-Arnoult, candidate EELV éliminée au premier tour.
Malgré un sursaut de la participation à 45 %, le candidat frontiste a largement profité d'une faible mobilisation de l'électorat. Cette victoire, lors d'un scrutin majoritaire à deux tours, "est une première étape avant les élections municipales de mars 2014", a annoncé Laurent Lopez, désormais candidat à la mairie de Brignoles qui compte bien prendre la siège tenu par le maire communiste, Claude Gilardo.
L'OBJECTIF DES MUNICIPALES
"C'est une belle victoire", a déclaré la présidente du Front national Marine Le Pen, au cours du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, ajoutant : "unis, les Français sont invincibles". Cette victoire est, selon elle, "un virage, la confirmation de la mort du Front républicain", a-t-elle appuyé, rappelant que le PS avait appelé à voterUMP au deuxième tour.
"C'est une cantonale partielle, il ne faut pas non plus essayerd'en tirer des enseignements sur les municipales. Mais ça augure d'une volonté de changement des Français, qui vont l'exprimer, qui vont se mobiliser. Ca augure des villes gagnées, des centaines, peut-être des milliers de conseillers municipaux.
"Le Front national est le plus avancé de tous les partis politiques [au niveau de la constitution des listes]. Nous sommes en train de constituer nos listes, tout va bien pour nous", a-t-elle ajouté, réagissant à des informations publiées par Le Monde selon lesquelles son parti ne sera présent que dans une municipalité sur six.
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Le Front national va "décrocher des municipalités" en mars 2014 dans le Nord-Pas-de-Calais, où l'implantation du parti n'a jamais été "aussi importante et aussi performante", a ajouté le secrétaire général du FN, Steeve Briois, après avoirprésenté aux militants la cinquantaine de têtes de listes investies dans la région.
Une cinquantaine de listes, "c'est six fois plus qu'en 2008 et nous aurons je pense dix fois ou quinze fois plus d'élus qu'en 2008 et y compris des élus majoritaires"sur "tout le territoire", a-t-il estimé. "On est présent dans toutes les villes de plus de 20 000 habitants de la région et plus d'une ville sur deux ou sur trois du bassin minier. Nous couvrons plus de 50 % du corps électoral, c'est une belle progression. Nous n'avons jamais été à un niveau aussi élevé en terme de constitution de listes", a souligné M. Briois.
TAUX DE PARTICIPATION ÉLEVÉ
Le taux de participation de ce second tour a atteint 45,26 %, en hausse de près de 12 points par rapport au premier tour, a annoncé la préfecture du Var.
Au 1er tour le 6 octobre, 33,40 % des électeurs du canton s'étaient rendus aux urnes. Dans ce canton gagné par la gauche en 2012, le FN est arrivé largement en tête du premier tour, avec 40,4 % des voix, dans un scrutin marqué par une abstention de près de 67 %. Se félicitant d'une "poussée assez spectaculaire", la présidente du FN Marine Le Pen avait revendiqué pour son parti le titre de "premier parti de France".
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En août 2012, le Conseil d'Etat avait confirmé l'annulation de l'élection cantonale partielle de juin-juillet, qui avait vu le communiste Claude Gilardo, maire de Brignoles, l'emporter de seulement treize voix face au candidat du FN, Jean-Paul Dispard.
Lors des élections cantonales de mars 2011, le candidat FN, à l'époque M. Dispard, avait battu M. Gilardo de cinq voix. L'élection avait été annulée. Le canton de Brignoles faisait alors partie des deux seuls remportés nationalement par le FN, avec celui de Carpentras-Nord, dans le Vaucluse.
Le Monde.fr avec Eric Nunès