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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
4 novembre 2013

“l’Adémocratie” (le peuple n’a pas le pouvoir)

De l’horrible danger de l’intégrité

Nous Michar-Peberibi, par la grâce de Dieu mufti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction.

Comme ainsi soit que Ramaïd-Effernendizi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte-Dorée vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, nous a conté le pernicieux usage de l’intégrité dans ce pays, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imams de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il nous a semblé bon de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’intégrité, pour les causes ci-dessous énoncées.

1° Cette capacité à refuser l’inacceptable et à communiquer ses pensées réelles dans des livres tend évidemment à dissiper l’ignorance du peuple, qui est la gardienne et la sauvegarde des États et Banques bien policés.

2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve alors quelques-uns sur le système financier, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, faire prendre conscience que la spéculation à outrance détruit l’économie réelle, appauvrit le peuple, décourage les entrepreneurs,  ce qui pourrait réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine.

3° Il arriverait à la fin que ces personnes intègres rédigent des livres dégagés du merveilleux néolibéral qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, de placer l’intérêt général avant les intérêts particuliers, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.

4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables penseurs, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs – ainsi que la Société -, viendraient nous enseigner des vérités dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.

5° Ils pourraient, en augmentant l’éthique de la Société, et en imprimant scandaleusement qu’il y des limites à l’indécence, diminuer les rémunérations des traders et des dirigeants, au grand détriment du salut des âmes.

6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité de l’écroulement systémique du système bancaire, et de la manière de les prévenir en en séparant les activités, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la ruine ultime, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.

A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre d’auteur intègre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte, et que tout débat ou toute contradiction soient interdits, puisqu’il n’y a pas d’alternative à la Sainte Doctrine. Toute déviance devra être sévèrement châtiée.

Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, Pitr Moscovos, né dans un marais de l’Occident septentrional; lequel médecin, ayant déjà ruiné quatre cent personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira.

Donné dans notre palais de la stupidité à Bercy, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1391 de l’hégire.



Tout d’abord, j’ai une pensée pour Voltaire qui a largement inspiré ce pastiche, avec son fameux “De l’horrible danger de la lecture”…

Un ancien ministre, pour qui j’ai le plus grand respect, m’a confié il y a peu (j’y reviendrai…) : “Nous sommes une monarchie républicaine manipulée par une oligarchie discrète.” Je pense que c’est la définition la plus remarquable que j’ai entendue de nos institutions à la dérive.

Il devient de plus en plus clair que nous ne sommes évidemment plus en Démocratie, ce qui est probablement la racine ultime de nos ennuis actuels et à venir. Sur la forme, je me permets de rappeler que, le contraire de la Démocratie (= le pouvoir du peuple) n’est nullement la Dictature, mais simplement ce qu’on pourrait appeler “l’Adémocratie” (le peuple n’a pas le pouvoir). Le totalitarisme est une Adémocratie, bien sûr, mais notre régime l’est également – d’autant qu’il oscille entre la CacoCratie (pouvoir des nuls) et l’Acratie (pouvoir de… plus personne – y’a plus de pilote dans l’avion et les réservoirs se vident)…

“Le Fascisme n’est pas le contraire de la Démocratie mais son évolution par temps de crise…” [Bertold Brecht]

Pourquoi est-ce que je vous parle de ça ce matin ?

C’est en lien avec la séparation des activités bancaires.

D’ailleurs, comme il y a régulièrement des Trolls des la fédération bancaire qui viennent envahir les commentaires, je rappelle que la séparation des activités bancaires est demandée par :

  • une vaste majorité de l’intelligence économique mondiale indépendante. Citons par exemple les prix Nobel d’économie Maurice Allais, Edmund Phelp ou Joseph Stiglitz, l’ancien chef économiste du FMI Kenneth Rogoff, ou les économistes Nouriel Roubini, John Kay ou Jacques Attali, Michel Rocard, Nicolas Baverez, Christine Lagarde, la Réserve fédérale de Dallas, le directeur de la stabilité financière de la Banque Centrale d’Angleterre, plusieurs anciens présidents de CitiGroup, Merrill Lynch, Lloyds, Barclays, Crédit Lyonnais…
  • la majorité des cadres travaillant dans les banques sont pour.
  • tous les acteurs ayant abrogé la loi américaine en 1999 qui reconnaissent désormais que c’était une grosse erreur (le démocrate Bill Clinton, le républicain Newt Gingrich, l’ancien régulateur de la SEC Arthur Levitt, les banquiers Sandy Weil et John Reed).
  • l’ancien ministre de Margareth Thatcher ayant dérégulé le secteur, et le Financial Times (oui, oui, il appelle à réguler d’urgence !), qui appellent désormais à un retour à une franche scission. Une telle unanimité n’est pas surprenante : tout comme la sécurité nucléaire, la sécurité financière n’est pas plus de gauche que de droite.

En face, il n’y a que les banquiers en activité et, désormais, Pierre Moscovici.

Personnellement, ça me suffit largement, j’ai donc facilement choisi mon camp… Qui n’est “étrangement” pas le même que celui de la plupart des députés :


Et donc, comme on a pu compter les opposants à la loi de non-séparation des activités bancaires sur les doigts des deux mains, je me suis promis de faire un peu de publicité lorsque qu’ils auraient des retours de bâton.

J’avais déjà parlé dans ce billet du cas du brillant analyste indépendant Christophe Nijdam, qui s’était vu dans la foulée retirer son statut d’analyste référencé par le Crédit Agricole et la Société Générale. Après un petit buzz, le Crédit Agricole l’a de nouveau référencé – seule la BNP persiste (peut-être a-t-elle des choses à cacher…).

Il y a eu également le brillant Gaël Giraud, que j’admire beaucoup. Normalien, docteur en mathématiques appliquées, directeur de recherche eu CNRS et accessoirement père jésuite, il a été très en pointe médiatiquement, et a subit de fortes pressions visant à le discréditer. Lire par exemple cet édifiant papier du Monde: le jésuite qui agace Moscovici. En particulier le : “Les banquiers n’aiment pas Gaël Giraud. “Certains ont même insinué que j’avais des problèmes psychologiques”, assure-t-il.” – pensez, un économiste qui prône de limiter les revenus dans une échelle de 1 à 12

Il a du coup été battu dans des conditions particulières au poste de Directeur du centre d’économie de la Sorbonne…

Mais je souhaitais vous parler aujourd’hui de Juliette Méadel, secrétaire nationale du PS à l’industrie et désormais ex-Directrice générale de Terra Nova, think tank très proche du PS – car je trouve assez abjecte la mini campagne actuelle téléguidée contre elle. Et c’est intéressant en termes d’analyse de la réaction des médias chiens de garde. Je précise que l’ai croisée à peine 3 fois, mais que j’avais bien aimé son envie de s’attaquer radicalement à plusieurs problèmes majeurs du système.

Pour faire simple (car on ne va pas s’appesantir 3 heures sur ce sujet…) : suite au décès du fondateur Olivier Ferrand en 2012, ont été nommés Président François Chérèque (lire ce papier du Point incisif sur sa reconversion de la CFDT comme expliqué ici) et Directrice Générale Juliette Méadel. En congé maternité, elle a pris ses fonctions début septembre et vient de se faire remercier – étant en divergence avec la ligne. En effet, souhaitant impulser des propositions de réforme profonde du système, c’est elle qui avait supervisé deux importantes notes de Terra Nova sur les banques, la première, de Laurence Scialom, en octobre 2012, appelant à une vrai scission et la seconde en février 2013, de Laurence Scialom et… Gael Giraud, critiquant la réforme gouvernementale :

Bien sûr, cela a fortement déplu à Pierre Moscovici..

Bref, à la rigueur, divergence d’opinion dans un mini think tank, fin de la collaboration – rien de très méchant, ni de très important.

D’ailleurs, au 3/11, cela  a généré 3 articles sur Internet. 2 sont normaux : très courts et rappelant ce rapport. Rue 89 : Terra Nova : huit mois après un rapport très critique sur la réforme bancaire, la directrice s’en va et un sur Toutelaculture.

Ce silence médiatique démontre la réalité : tempête dans un verre d’eau, aucun intérêt réel.

Mais le troisième est gratiné, et émane, excusez du peu, de NouvelObs.com (12e site français, 27 millions de visites par mois), et s’est retrouvé en Une (sic !) il y a 2 jours : Crise ouverte à Terra Nova, par Mélissa Bounoua, “Journaliste” – qui avait donc à l’évidence beaucoup de temps à perdre un jour férié…

Ça commence assez factuel, et puis brutalement, c’est hallali – avec de vrais beaux morceaux de ragots dedans :

“Juliette Méadel lance peu de projets, ne participe pas aux groupes de travail, recrute peu d’experts, et ne fait publier qu’un seul rapport en début d’année. Elle multiplie les interventions médiatiques mais ne se rend que rarement au siège de Terra Nova, tout en verrouillant la communication.

A son arrivée, elle prévient ainsi ses troupes que “personne ne doit s’exprimer dans la presse à part François Chérèque ou [elle]“. Preuve des dysfonctionnements qui s’accumulent : deux personnes salariées sur quatre ont quitté l’association en septembre et en octobre, au moment-même où Juliette Méadel prenait officiellement son poste.

Je trouve ça énorme :)

Alors :

  • elle ne participe pas aux groupes de travail : ce qui es normal, ce n’est pas son rôle. Et puis comme elle est en congés maternité, c’est donc pas gagné. Et puis comme elle ne prend ses fonctions qu’en septembre, c’est peu surprenant… Non ?
  • elle verrouille la communication : fasciste va ! Bon, après, avec 4 salariés, peut-être qu’il n’est pas mal que le stagiaire ne s’exprime pas – c’est pas le PS ou le gouvernement non plus…
  • elle est nulle, 2 personnes sont parties avant qu’elle arrive, c’est bien la preuve !

Et pi, le think tank ne bosse même plus, il ne publie qu’un rapport en 2013 !

Enfin, presque – il suffit de regarder le site de Terra Nova (ce qui demande trop d’efforts à Melissa Bounoua – c’était un jour férié aussi...)

Publications Terra Nova

NB. Si rien ne s’affiche dans le document, cliquez ici

110 notes en 2013, pas mal pour un think tank qui ne bosse pas, non ? Enfin, il bosse apparemment plus que la journaliste disons…

Et ça continue

Sur le site de l’association, les notes et rapports publiés régulièrement depuis 2008 sont progressivement remplacés par des comptes rendus des interventions du duo de direction dans les médias. “Ce n’est pas au niveau intellectuellement”, commente un expert. Sans compter qu’en interne, on déplore que Juliette Méadel s’approprie des textes qu’elle n’a pas écrits.”

Le lien renvoie pourtant vers la liste des publications, où je n’ai pas trouvé trace de “comptes rendus des interventions du duo de direction” – d’où ça sort, mystère…

J’adore évidemment le “Sans compter qu’en interne, on déplore que Juliette Méadel s’approprie des textes qu’elle n’a pas écrits” – ça c’est du journalisme d’investigation, drôlement bien sourcé en plus ! Après recherche grâce au magique CTRL+F, on voit 5 notes de Méadel sur 110 en 2013 – du pur stalinisme quoi…

Un moment de vérité, glissé subrepticement pour que ça passe inaperçu :

“On évoque également le poids d’un lobby bancaire au sein de l’association (des experts impliqués chez BNP-Paribas et Rotschild [sic. -3 pour l'orthographe]), qui lui aurait savonné la planche. Et après une note critique sur la réforme bancaire, le cabinet de Pierre Moscovici lui aurait aussi signifié son mécontentement. “

Notez d’ailleurs le conditionnel : le lobby lui “aurait savonné” la planche, mais elle, “elle s’approprie” les textes des autres…

Bon, alors ils font rien, y’a pas d’experts, mais ils font des notes méchantes qui énervent, etc. Bizarre comme papier…

Pour finir, j’adore le :

“Avant même son arrivée officielle à Terra Nova, elle a cherché à se placer sur des listes pour les élections européennes, confie à “l’Obs” une source bien informée dans les couloirs de Solférino.”

Je ne sais pas si c’est vrai – la journaliste ne travaille qu’avec des “on dit” -, mais je me demande ce que ça vient foutre dans ce papier, et j’adore le fond – bah oui, des fois qu’un membre du bureau National du PS ait peut-être envie de se faire élire, c’est dingue quoi…

Oups, c’est vrai qu’Olivier Ferrand avait élu député en juin 2012, mais bon…

En tous cas, avec de tels journalistes, la relève des chiens de garde est assurée !

BREF, fin du petit interlude, retour à la Crise – la vraie ! – demain ! :)

“Le secret du bonheur est la liberté. Le secret de la liberté est le Courage.” [Thucydide, orateur et historien, homme politique et historien athénien, né vers 460 av. J.-C.]

P.S. puisque j’y suis, voici deux brèves du Canard enchaîné du 30/10/2013 :

Agents doubles à Bercy

“Depuis des semaines, Hollande comme Ayrault ont de sérieux doutes sur la loyauté de certains hauts fonctionnaires de Bercy. Ils se demandent si une partie de leurs malheurs ne viendraient pas d’une sorte de double jeu que pratiquement ces personnes nommées par la précédente majorité.
Ils en veulent pour preuve ces fuites de Bercy lors de la préparation du budget, qui ont amené l’Elysée à en anticiper la présentation avec deux semaines d’avance. Des fuites qui concernent des projets authentiques, mais aussi bidon.
“Pendant dix ans, la droite a placé ses hommes aux postes clés” a tristement constaté Hollande, la semaine dernière.
Pas sûr que cela suffise à expliquer tous ces cafouillages…”

Purges en vue à Bercy

“Du coup, Hollande s’est mis en tête de resserrer les boulons à Bercy. Et, pour commencer, il veut remplacer au plus vite les directeurs du Budget et du Trésor, à la tête des plus importantes administrations.
Plus facile à dire qu’à faire : voilà déjà six mois que l’Elysée et Matignon cherchent un remplaçant à Julien Dubertret, nommé en 2011 à la Direction du Budget par fillon, dont il avait été le conseiller à Matignon. Mais “Mosco” et Cazeneuve ne parviennent pas à s’accorder sur le nom d’un successeur.
Hollande a bien choisi Denis Morin, le dircab de Marisol Touraine, mais celle-ci rechigne car elle a déjà dû se séparer il y a un an d’un premier directeur de cabinet.
Viendra ensuite le tout de Ramon Fernandez, le directeur du Trésor nommé sous Sarko.”

Donc ça avance. Voici donc en exclusivité pour ce blog la feuille de route de François Hollande :
2012 : élection
2014 : fin de la période pour convaincre ses propres ministres
2015 : recherche de personnes compétentes dans l’entourage
2017 : changement des hauts fonctionnaires néolibéraux de Sarko
2019 : nomination d’un vrai ministre de l’économie
2024 : nomination d’un vrai gouvernement…

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