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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
20 août 2011

Visite guidée au siège de Standard & Poor's à

Visite guidée au siège de Standard & Poor's à Paris

LEMONDE | 20.08.11 | 13h43   •  Mis à jour le 20.08.11 | 13h44

 

Le siège de Standard & Poor's à New York

Le siège de Standard & Poor's à New YorkAFP/STAN HONDA

 

Lundi 8 août, les Bourses plongent. La faute à l'agence de notation Standard & Poor's (S & P) qui a dégradé, le 5 août, la note de la dette souveraine américaine. C'est partout la panique ! Sauf dans les locaux parisiens de l'agence, où l'emporte un sentiment de fierté. "En interne, ça a été perçu par les employés de manière très forte et en tout cas positive, car ça démontre que nous sommes fondamentalement indépendants", se félicite Carol Sirou, présidente de la division européenne de S & P, comme on dit dans le jargon.

Le calme qui règne dans ces locaux tranche avec la folie des salles de marchés. "Ce n'est pas la ruche", assure Armelle Sens, chargée de communication et guide pour l'occasion. Elle désigne les bureaux neufs, où le rouge des chaises contraste avec le gris terne de la moquette. Malheureusement, son badge, sésame obligatoire pour ouvrir la moindre porte, ne fonctionne pas devant les bureaux des analystes, placés sous vidéosurveillance. "Ce n'est pas de la culture du secret, c'est de la confidentialité", nuance-t-elle.

Pourtant, pas de données sur les Etats en vue. À Paris, les analystes se penchent seulement sur le sort des banques et des entreprises qui le désirent. A écouter Aurélie Thiellet, analyste chargée du secteur bancaire, derrière la porte, il n'y a rien de bien extraordinaire : des ordinateurs, des téléphones et des journaux. Entrée dans l'agence en 2001, juste après ses études en macroéconomie et finance, elle passe, depuis, ses journées à collecter des données "quantitatives et qualitatives", à écouter les dirigeants de la banque dont elle a la responsabilité et à organiser des réunions.

"Les analystes travaillent toujours en binôme, explique Mme Sirou, la patronne que tout le monde tutoie et appelle par son prénom. C'est bien d'avoir des regards différents sur des dossiers. Les équipes ne restent jamais en charge d'une même entreprise pendant plusieurs années. Elles tournent. Cela permet de limiter les pressions." Celle qui a le sentiment de diriger "une petite PME" le répète : tout est mis en oeuvre pour éviter les conflits d'intérêts. Ses 90 analystes doivent signer un document de 18 pages lors de leur embauche. Impossible pour eux et les personnes qui vivent sous le même toit de détenir des actions du secteur dans lequel ils opèrent. Obligation de déclarer les autres. Et de refuser tous les cadeaux.

"Une vraie contrainte, ce sont les déjeuners. Car, quand on rencontre un émetteur (un client) pour faire un bilan complet, ça dure classiquement une grosse journée. On est amené à déjeuner, et ce repas ne doit pas dépasser les 25 dollars (17 euros). C'est parfois moqué, surtout dans une culture française où beaucoup de choses se décident autour de la table", regrette Mme Thiellet, lunettes fines et noires, veste bleu marine et pantalon gris.

La culture française, S & P n'en a que faire. Le supérieur direct de Mme Thiellet est à Madrid, les managers sont à Londres ou à Francfort. L'anglais est la langue courante, le Financial Times le journal de référence, Crédit Week la revue interne. Dans les sept salles de réunion, baptisées du nom des places parisiennes - un employé aurait préféré "les Sept Nains" -, le paperboard est relégué derrière les écrans plats et les webcams. C'est dans ces salles froides à la lumière blafarde que se tiennent les comités, en visioconférence, à l'issue desquels la fameuse note est délivrée.

" La note, c'est une opinion sur une capacité d'un emprunteur à rembourser sa dette et rien d'autre", s'agace Mme Thiellet. Elle est attribuée par cinq à sept personnes choisies et convoquées par l'analyste quand bon lui semble. " Ce n'est jamais l'équipe d'analystes qui suit l'entreprise au quotidien qui délivre la note. La décision est collégiale", insiste la présidente en scandant chaque mot avec ses mains. Il arrive même qu'un analyste se trouve en position de défendre une note avec laquelle il n'est pas d'accord. C'est qu'il n'y a pas de place pour les ego ou "les crânes d'oeuf", il n'y a qu'une identité qui vaille. "C'est S & P qui décide", telle est la devise.

"LYNCHAGE MÉDIATIQUE"

"Ici, c'est à l'américaine. On propose des horaires flexibles, mais, en retour, on attend un fort degré d'implication", prévient Mme Sirou. Aurélie Thiellet confirme. A temps partiel pour pouvoir élever ses enfants, elle affirme faire 35 heures en trois jours. Ces conditions de travail, et un salaire qui pourrait être plus élevé ailleurs, ne rebutent pas les candidats. Les CV affluent. Celle qui a fait toute sa carrière au sein de S & P y voit une preuve de la compétence de son entreprise, malgré le "lynchage médiatique".

Si S & P est devenue un objet de fantasmes, c'est à cause de l'opinion publique qui manque de culture financière et économique, explique la patronne parisienne. Et si le principe de la notation est contesté, c'est que "beaucoup de gens ne prennent pas le temps de lire les analyses qui accompagnent la note et oublient que c'est une donnée relative et pas absolue". Carol Sirou n'a de cesse de minimiser le rôle de son agence, qui fournit un travail "technique" à destination "des investisseurs, pas du grand public". Mise en lumière au fil des crises successives, S & P n'aime rien d'autre que l'ombre.

      Bon, c'est bien, ça me rappelle ce bon Jean Yanne pour un de ses films "Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil".

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