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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
12 avril 2012

Les requins sont toujours là

La finance invente une nouvelle arme

                                contre la dette française

 | PAR MARTINE ORANGE

Les financiers ne sauraient être accusés d’un quelconque cynisme. C'est donc une simple coïncidence si la société allemande Eurex, contrôlant le marché à terme de Francfort, a annoncé le lancement d’un nouveau produit dérivé sur la dette française pour le 16 avril. Une semaine tout juste avant le premier tour de l’élection présidentielle ! Depuis cette annonce, certains boursiers s’alarment, parlent d’attentat financier (lire le blog de Stéphanie Marthely-Allard dans Mediapart ici, celui de Marc Fiorentino ).

De quoi s’agit-il exactement ? Officiellement, Eurex va proposer à ses clients, “hedge funds”, banques et autres, des produits sur les obligations françaises à dix ans (OAT), pour se couvrir à la hausse comme à la baisse. «Avec l’introduction de ce nouveau contrat, nous répondons à l’intérêt grandissant des intervenants sur le marché, à la recherche de produits de couvertures plus élaborés », a expliqué un des responsables de la société de bourse allemande.« De plus,  ajoute-t-il sans rire, le marché de dette publique française va vraisemblablement bénéficier de ces nouvelles opportunités.»

Profiter des opportunités ! Les traders évoquent plutôt une nouvelle arme de destruction massive contre la France et contre l’euro, au moment où l’Espagne paraît appelée à être la nouvelle victime expiatoire de la zone euro, où les écarts de taux ne cessent de se creuser entre l’Allemagne et tous les autres. « Dans le contexte actuel de tensions sur les dettes européennes, lancer un tel produit revient à ouvrir la porte à une attaque spéculative sur la France, surtout dans un moment d’ élections »,  grince-t-on au sein de la Banque de France. 

ecart de taux entre la France et l'Allemagneecart de taux entre la France et l'Allemagne© Bloomberg

Spéculer contre la dette française a toujours été possible. Mais jusqu’alors, il fallait de gros moyens financiers. Seuls les banques ou les très grands fonds spéculatifs s’y risquaient. Il fallait soit s’engager sur des ventes à découvert sur les titres obligataires eux-mêmes, c’est-à-dire mobiliser plusieurs dizaines voire centaines de millions d’euros, soit acheter des credit default swap (CDS). Le ticket d’entrée pour ces derniers est d’au moins 10 millions de dollars. Et le pari repose sur la dernière extrémité : la faillite. 

Les produits dérivés que s’apprête à lancer Eurex sont d’une tout autre nature. Ils permettent normalement de se couvrir contre les variations monétaires de la dette obligataire. Ils permettent surtout de spéculer à découvert, avec une mise limitée. Les options d’Eurex sont fixées à 100.000 euros pièce. Sachant que leur effet de levier est estimé entre 10 et 20 fois la mise, les dégâts peuvent être rapides. Les hedge funds et autres fonds spéculatifs vont donc pouvoir parier sur la chute de la dette française, sans mobiliser beaucoup de fonds.

 D’autant que le risque est très limité. A la différence du marché des CDS, si opaque au point de ne pouvoir indiquer qui sont les détenteurs et les responsables en dernier ressort, les nouveaux produits dérivés seront négociés sur un marché réglementé, c’est-à-dire encadré et sans risque de contrepartie. Chaque soir, la chambre de compensation, en l’occurrence Eurex Stream (ex-Clearstream), fera la balance entre les perdants et les gagnants. Pour le monde financier, c’est l’idéal.

« Les dérivés pour spéculer sur la dette existaient déjà, mais ils étaient négociés de gré à gré. Un marché transparent et réglementé est toujours préférable à un marché de gré à gré », relève Pascal Canfin. Mais ajoute l'eurodéputé écologiste, devenu un spécialiste des questions financières au Parlement européen, « la difficulté est que la réglementation ne permet pas de distinguer entre la protection et la spéculation. Si Eurex s’engage sur ce marché, c’est pour le développer. Ajouter de la liquidité revient à ajouter de la volatilité, de l’instabilité et de l’insécurité. Dans le contexte politique actuel, les aspects négatifs l’emportent largement sur les positifs ».

 

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