Un accord législatif a-t-il été conclu entre le Parti socialiste et le Front de gauche? Oui, à en croire Jérôme Cahuzac, chargé du budget et de la fiscalité dans l'équipe de François Hollande. Mardi soir lors de l'émission Preuves par 3 diffusée sur Public Sénat, le député du Lot-et-Garonne a affirmé que "Jean-Luc Mélenchon et son parti [le Parti de gauche, composante du Front de gauche, Ndlr] ont passé un accord avec le PS pour que leurs candidats aient quelques circonscriptions avec quelque espérance de gains". "A eux de concrétiser ces espérances de gains dans le cadre d'une alliance bien comprise avec le Parti socialiste mais au sein de la majorité présidentielle qui sera celle de François Hollande", a-t-il également averti.
Le président de la Commission des finances de l'Assemblée expliquait que "dès lors que l'on soutient la candidature de François Hollande, on approuve son programme". Autrement dit : un soutien de Jean-Luc Mélenchon au candidat socialiste, dans le cas où celui-ci accède au deuxième tour de la présidentielle, n'infléchira pas les positions de ce dernier. Le député estime donc qu'il n'y aura pas de "discussion qui se passe sur un coin de table : je te donne ceci, tu me lâches cela".
Pour Mélenchon, Cahuzac est un "menteur"
Après cette émission, la réponse de Jean-Luc Mélenchon n'a pas tardé : Jérôme Cahuzac est un "menteur", a affirmé mardi l'ancien socialiste lors d'une conférence de presse puis au cours de son meeting à Lille. "Il rabaisse notre ambition, notre ambition ce n'est pas les sièges, c'est la révolution citoyenne", a ainsi lancé le leader du Front de gauche, devant ses 23.000 supporteurs.
"Jérôme Cahuzac dit 'le programme (de François Hollande, Ndlr) est à prendre ou à laisser'. Très bien, on laisse", a ainsi répondu le député européen sous les applaudissements. Celui-ci a également demandé aux responsables du PS d'êtres "polis et respectueux" avec son alliance et ses sympathisants.
Borgel dément aussi Cahuzac
Il y a deux semaines, Eric Coquerel, le secrétaire national du Parti de gauche chargé des élections, assurait également au JDD.frqu'aucune discussion n'avait été engagée avec les socialistes. Il indiquait cependant qu'une lettre avait été envoyée en février afin de reprendre un dialogue au niveau national en vue des législatives. Objectif : faire face à une éventuelle élimination de la gauche au premier tour dans certaines circonscriptions, au profit notamment du FN. "Leur réponse a été claire : ils n'envisagent pas d'accord national sur cette question avec les formations qui ne concluent pas d'accord politique majoritaire avec eux", expliquait ainsi le Eric Coquerel.
Contacté par leJDD.fr mercredi, Christophe Borgel, en charge des élections au PS, confirme : aucun accord n'a été conclu ni avec le Parti de gauche, ni avec le Parti communiste, contredisant ainsi son camarade Jérôme Cahuzac. "On n'était pas contre des accords locaux", précise le secrétaire national. "Ce n'est pas ce qu'on veut, ces accords se terminent toujours par un désistement pour le candidat socialiste", affirmait à la mi-mars son interlocuteur du Parti de gauche. Ce dernier précisait qu'il n'y aurait donc probablement pas de discussions entamées d'ici la présidentielle. "Je n'en sais rien", répond de son côté Christophe Borgel, qui souhaite une fin de campagne apaisée entre le PS et ses partenaires de gauche. Pas sûr que les propos de Jérôme Cahuzac aient adouci le climat.