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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
30 mai 2012

Où en sont les Allemands?

« La paix » et « l’amitié entre les peuples »
                    — disaient-ils…

Car voilà déjà quelques splendides résultats : des touristes allemands agressés en Grèce, des couvertures de presse injurieuses, celle de Focuspar exemple avec sa Vénus de Milo faisant un doigt d’honneur, ou bien appelant à vendre les Cyclades ou l’Acropole, des pancartes de manifestants grecs représentant Angela Merkel en uniforme nazi, ou bien la fameuse « task force » de Reichenbach rebaptisée « Third Reich is back », il est évident que la paix entre les peuples européens fait sous nos yeux de stupéfiants progrès. Se souvient-on que sonnés, dans les cordes, et à cours d’arguments, l’ultime redoute des partisans des « oui » (au traité de Maastricht et au TCE de 2005), le bunker supposé indestructible, consistait à ânonner « plus jamais la guerre » ou « l’amitié des peuples européens ». Il fallait accepter la banque centrale indépendante, la concurrence non faussée et le pacte de stabilité pour « la paix », le plus précieux des biens, au nom duquel par conséquent n’importe quoi devait être avalé. Nul doute qu’un référendum se tiendrait-il sur le TSCG, « la paix » ferait, comme à chaque fois, un retour en force.

Sauf que voilà : « l’Europe de la paix » est en fait une machine à destructions sociales qui engendre de la guerre. De la guerre interne avec des résurgences d’extrême droite un peu partout, depuis longtemps déjà mais désormais sous des formes carabinées — car un parti nazi entrant dans un parlement européen (l’Aube Dorée grecque) c’est quand même un accomplissement assez remarquable.

Tous ceux qui ont depuis des années consciencieusement travaillé à repousser toute idée d’une connexion entre la montée des extrêmes droites et le fléau néolibéral, notamment européen, auront sans doute plus de difficulté à soutenir qu’entre le désastre économique grec et l’avènement de l’Aube Dorée il n’y a aucun lien de cause à effet… Il y a celui du peuple socialement violenté et politiquement tenu pour rien, combinaison qui a déjà prouvé sa toxicité dans l’histoire. On jugera donc l’Europe à ses résultats : des régressions sociales sans précédent, et la résurgence de possibilités qu’on croyait définitivement appartenir au passé, comme un coup d’Etat militaire en Grèce par exemple (qui ne manquerait pas de se produire si la faillite venait à menacer le paiement des salaires de l’appareil de force).

Guerre interne mais aussi guerre externe, pour l’heure heureusement sous la seule forme de l’inimitié entre les peuples, qui ridiculise les préambules ronflants des traités européens, et au compte de laquelle il faudrait évidemment verser les tensions gréco-allemandes évoquées à l’instant, mais aussi ce fait inouï que dans l’Europe d’aujourd’hui on puisse de nouveau entendre un discours, tel celui du député (européen) britannique Nigel Farage [14], s’inquiétant de « la domination » — non pas de l’hégémonie mais bien de la domination… — d’un Etat-membre (il s’agit de l’Allemagne évidemment), chose encore moins anodine quand elle fait ouvertement référence à la domination du 3ème Reich et à la guerre mondiale qu’il avait fallu mener pour la réduire !

Evidemment le discours européiste aura tôt fait de disqualifier ce genre de propos comme europhobie patentée de longue date (Farage est membre de l’UKIP, un parti britannique ouvertement anti-européen), mais comme toujours sans être capable de faire la différence entre deux opérations intellectuelles pourtant aussi différentes que délivrer une approbation et identifier un symptôme. Même à l’eurobéat le plus endurci, quelques alarmes devraient tinter au simple constat que, indicibles il y a peu encore, pareilles choses se disent à nouveau. Pour désagréable qu’il soit, l’on devra bien faire également le constat qu’elles ont pour objet l’Allemagne.

Et pire encore accorder que ce choix d’objet et l’argument d’ensemble sont loin d’être mal fondés ! Au moment où même les insoupçonnables Pays-Bas connaissent et le dérapage budgétaire et les turbulences politiques de l’austérité, au moment où les marchés financiers, le FMI et jusqu’à la presse financière anglosaxonne la plus idéologiquement engagée en faveur du néolibéralisme disent l’aberration de politiques de restriction autodestructrices, il apparaît de plus en plus clairement que seul l’acharnement doctrinaire de l’Allemagne porte le poids de la catastrophe européenne. Et l’on aperçoit enfin dans toute son ampleur l’aberration inaugurale qui aura consisté à imposer à tous le modèle d’un seul. Décidément l’Allemagne nous coûte… On se retiendra de voir dans les actuelles dévastations économiques et sociales une nouvelle manière de mettre le continent à feu et à sang, mais tout de même, c’est bien son obstination et elle seule qui est en train de ruiner l’Europe.

 Frédéric Lordon.

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On a déjà indiqué que Olivier Berruyer appréciait beaucoup Frédéric Lordon. Cet économiste talentueux à une analyse acérée et souvent très juste, enrobée d’un don oratoire exceptionnel. 

                          Les habitués sauront qu'il ne partage nullement sa vision idyllique de la création monétaire. C’est si simple : quand on peut rembourser, on rembourse ; quand on en peut plus, on arrête – comme avec les ménages et les entreprises…

                          Dans ce billet on comprend mieux le fonctionnement de la machine qui permet et continue lamentablement son travail de sape. 

                          Un chose nous gêne dans l'analyse. Cette phrase " il apparaît de plus en plus clairement que seul l’acharnement doctrinaire de l’Allemagne porte le poids de la catastrophe européenne". NON ce n'est pas de l'allemagne dont on doit parler, mais de  ce parti politique de la droite allemande la CDU qui par bonheur perd élection élections sur élections dans les Lander. Angela Merkel étant très affaiblie essaye de faire feu de tous bois. Contestée dans son propre Pays, elle reste sur ses position car elle n'a d'autre politique que cette erreur historique. 

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