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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
6 juillet 2013

Pour les copains de Meaux...

Publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr

La cagnotte “VIP” du ministère de l'intérieur

 

a financé les barons UMP

PAR MATHIEU MAGNAUDEIX

 


ARTICLE PUBLIÉ LE MERCREDI 3 JUILLET 2013
Sablé-sur-Sarthe, Troyes, Meaux, Chantilly : quand Nicolas Sarkozy était président de la République, ces bourgades étaient choyées. D'après la liste de la réserve parlementaire consultée par Mediapart, les circonscriptions de François Fillon, François Baroin,
Jean-François Copé et Éric Woerth se sont vu attribuer environ 6 millions d'euros pour la seule année 2011.

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La semaine dernière, après un long combat devant la justice administrative, Hervé Lebreton, un habitant du Lot-et-Garonne, a obtenu du ministère de l'intérieur le détail des crédits versés en 2011 aux collectivités locales dans le cadre de la “réserve parlementaire”.
Jusqu'ici, cette liste de 1038 pages était un quasi-secretd'État.
Dans ce document, que Mediapart a consulté, on trouve le détail des 120 millions d'euros attribués en 2011 par les députés et sénateurs à des collectivités de leur choix. Un summum de clientélisme – ils peuvent financer n'importe quelle commune – et d'opacité – leur don n'est pas public.

Nous avons déjà publié le top 10 des parlementaires les mieux dotés.

Mais dans le fichier reçu par Hervé Lebreton, on  déniche aussi la liste des communes qui ont eu le privilège de bénéficier de la réserve “ministérielle”.
Une cagnotte supplémentaire de 33 millions d'euros, elle aussi destinée aux collectivités locales. Historiquement, cette cagnotte connue des seuls initiés était directement gérée par le ministère de l'intérieur.

Sous Nicolas Sarkozy, l'Élysée s'était accaparé environ les deux tiers de cette manne (19 millions d'euros) afin de récompenser les amis politiques du chef de l'État (lire l'enquête de Mathilde Mathieu et Michael Hajdenberg). Mais, selon nos informations, Matignon
prélevait aussi chaque année 4 millions d'euros sur ce magot, le ministère de l'économie 2. Comme le prouvent les documents consultés par Mediapart, c'est en grande partie sur cette cassette “VIP” qu'ont été financés de nombreux projets des collectivités situées dans les fiefs électoraux des grands barons de l'UMP, François Fillon, Jean-François Copé, François Baroin, Éric Woerth, ou d'autres encore.

Nicolas Sarkozy et François Fillon à l'Elysée, janvier 2012 © Reuters

La circonscription de François Fillon, alors premier ministre, est très avantagée : 1,8 million d'euros pour la seule année 2011. Sablé (Sarthe), le fief électoral de François Fillon depuis le début des années 1980, décroche le gros lot : plus de 1 million d'euros de
subventions, en additionnant les aides versées à la ville et à la communauté de communes. Qui est alorsprésidée par un certain… François Fillon (élu député de Paris, il démissionnera en septembre 2012). Sablé, ville de 12 500 habitants dont Fillon a été maire
de 1983 à 2001 (et qui est dirigée depuis 2008 par son suppléant Marc Joulaud) décroche en 2011 570 000 euros. De quoi financer l'aménagement du centreville, la réhabilitation de l'école de danse ou encore la création d'un éco-quartier. La communauté de
communes touche, elle, 320 000 euros (dont 165 000 euros) pour les trois bourgades de Louailles, Le Bailleul et Solesmes). Par ailleurs, une trentaine de commune de la circonscription reçoivent au total plus de 900 000 euros. François Fillon n'a pas contesté nos chiffres.

« Montants scandaleux » Autre département très cajolé : l'Aube, terre d'élection du ministre de François Baroin, devenu ministre du
budget en 2010, puis ministre de l'économie et des finances en 2011.
La seule ville de Troyes, dont Baroin est maire depuis 1995, empoche en 2011 un million d'euros, destinés à financer la réfection de certaines rues, une salle polyvalente ou la restauration de la façade de l'hôtel de ville. Au total, l'Aube touche plus de deux millions de réserve ministérielle. Et même si les fiefs voisins des UMP obtiennent quelques subsides, la circonscription de Baroin empoche à elle seule 1,8million d'euros.« La restauration de la façade de l'hôtel de ville, était-ce vraiment urgent ? Ces sommes considérables auraient pu être investies ailleurs, dans les quartiers par exemple... », s'insurge la socialiste Lorette Joly, adversaire malheureuse de Baroin aux législatives. François Baroin, ministre de l'économie de Nicolas Sarkozy

La Seine-et-Marne, fief de Jean-François Copé, alors secrétaire général de l'UMP, n'est pas en reste. En 2011, un joli pactole se déverse sur Meaux, la ville dont Copé est maire : 600 000 euros pour financer l'aménagement de places et de rues du centre-ville – l'esplanade de la Cathédrale, l'avenue Joffre ou la rue du Grand Cerf. Un sacré coup de main à l'édile Copé, qui a fait de l'embellissement du centre-ville un de ses principaux atouts électoraux.

Par ailleurs, 113 000 euros tombent dans l'escarcelle de plusieurs communes de l'agglomération, présidéepar Copé lui-même. Au total, la Seine-et-Marne reçoit 1 114 000 euros en provenance de la cagnotte du ministère de l'intérieur. Dont plus de 1 million d'euros pour la seule circonscription de l'actuel président de l'UMP. L'entourage de Jean-François Copé ne conteste pas ces chiffres mais précise que « la répartition n'était pas politique » puisque « des communes de gauche ont aussi été aidées ».
La circonscription de l'Oise d'Éric Woerth, qui fut le trésorier de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, a été également très gâtée. Au total, elle s'est vu décerner cette année-là 1,4 million d'euros; 

Eric Woerth, en 2010 © Reuters
En 2011, la très chic ville de Chantilly, haut lieu des courses hippiques, dont Woerth est maire, a reçu 770 000 euros de subventions qui ont financé les travaux de l'avenue de l'Europe, des aires de jeux, des horodateurs ou des caméras de surveillance,
etc. Gouvieux et Avilly, villes de la communauté de communes présidée par Woerth, ont par ailleurs empoché 105 000 euros.
« Je ne suis pas surpris, commente l'écologiste Patrick Canon, candidat PS-Front de gauche-EELV aux législatives de 2012, contre Woerth. Ces montants sont scandaleux par rapport aux budgets des communes.
C'est un système malhonnête sur lequel le citoyen n'a aucun contrôle. » Interrogé par Mediapart, Éric Woerth conteste ces chiffres. Il soutient que certaines subventions ont été attribuées les années précédentes, et que seuls 210 000 euros ont été réellement octroyés à sa ville en 2011.
Au ministère de l'intérieur, on maintient pourtant que la liste adressée à Hervé Lebreton, à partir de laquelle nous avons travaillé, recense bel et bien les subventions allouées en 2011.
Encore des mystères
À ces sommes déjà rondelettes, il faut aussi ajouter les généreux subsides de la réserve parlementaire, attribués par les députés et les sénateurs (du moins ceux qui en disposaient...) à leur circonscription. Jean-François Copé décroche ainsi 200 000 euros supplémentaires pour une nouvelle salle des fêtes. Éric Woerth obtient 84 000 euros de plus pour plusieurs communes de sa circonscription.

Marc Joulaud, maire de Sablé et suppléant de François Fillon à l'Assemblée nationale, empoche 120 000 euros supplémentaires
pour la circonscription de l'ex-premier ministre. Ce qui ne l'a pas empêché d'être battu aux législatives par le socialiste Stéphane Le Foll. En revanche, Copé, Woerth et Baroin ont été réélus dans leurs fiefs.

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Dans la liste des départements les plus choyés par la cagnotte du ministre de l'intérieur, on trouve plusieurs bastions UMP (ou qui l'étaient alors) : la Moselle (1,5 million d'euros); la Meurthe-et-Moselle (1,1), les Ardennes (880 000 euros), le territoire de Belfort
(800 000 euros) ou les Yvelines (470 000 euros). Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), dont la première adjointe est Michèle Alliot-Marie, reçoit 70 000 euros. Alors secrétaire général adjoint de l'Élysée, Jean Castex obtient 180 000 euros pour sa bonne ville de Prades (Pyrénées-Orientales). Auxquels s'ajoutent 120 000 euros puisés sur sa réserve parlementaire. Plutôt cocasse, puisque Castex n'est ni député ni sénateur...
À l'inverse, une petite trentaine de départements ne touchent pas un centime de la cagnotte du ministère de l'intérieur : l'Aisne, la Charente, la Corrèze, les Landes, la Nièvre, la Haute-Vienne ou les départements d'outre-mer.
La grande distribution aux amis du pouvoir a continué l'année suivante. D'après un article récent du Canard enchaîné, la quasi-totalité des subventions distribuées en 2012 au titre de la cagnotte du ministère de l'intérieur a été le fait de personnalités
de droite (Copé, Woerth, Baroin, Marc-Philippe Daubresse, Nadine Morano, Laurent Wauquiez) ou les centristes Maurice Leroy et Hervé Morin. Le pouvoir sortant a d'ailleurs dilapidé l'argent avant de partir.
Selon nos informations, il ne restait plus que 386 euros en caisse quand l'équipe de Manuel Valls est arrivée dans les bureaux. Même si la publication de la liste “Lebreton” constitue un premier pas vers la transparence, on est encore loin du compte. Dans le gros document transmis à Hervé Lebreton par le ministère de l'intérieur, les noms des élus ayant sollicité les subventions au titre de la
cagnotte ont été gommés. Le document ne nous dit donc pas si le premier ministre François Fillon ou le ministre de l'économie François Baroin, qui avaient un droit de tirage sur ce pactole, se sont attribué euxmêmes ces généreux subsides. Ou bien s'ils ont été octroyés par l'Élysée. Des omissions « anormales », selon Lebreton, qui pourrait à nouveau se retourner fin juillet vers la justice.

Il estime en effet que « le ministère de l'intérieur n'a pas suivi l'injonction dutribunal administratif ».

Le document ne mentionne pas non plus les crédits versés aux associations, qui représentent une autre enveloppe de plusieurs millions d'euros, dont le ministère de l'intérieur affirme ne pas avoir la trace. Hervé Lebreton a demandé cette liste au ministère du
budget, demande restée sans réponse.
Le ministère de l'intérieur, qui a désormais repris la gestion de sa cagnotte de 33 millions d'euros, assure qu'il fera la transparence début 2014 sur les dotations attribuées en 2013. Mais les années précédentes ne sont pas concernées. À moins que d'autres Hervé
Lebreton saisissent à leur tour la justice pour faire toutela lumière sur ce qui reste une part d'ombre des années
Sarkozy

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