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Front de gauche de Lizy et du Pays de l'Ourq 77
30 octobre 2013

Les absents....

Reprise d’un très bon papier d’Alexandre JArdin, cruel mais juste, du 24/10/13 paru dans l’Opinion

François Hollande a, pour des raisons énigmatiques, décidé de ne plus être président

La vie est parfois étrange. Samedi dernier, François Hollande a, pour des raisons énigmatiques, décidé de ne plus être président. Soyons plus précis : ne l’ayant en fait jamais été, ce pauvre homme a décidé de l’avouer publiquement. Avec une déconcertante spontanéité. Face à une caméra qui n’en revient toujours pas, nous l’avons vu saisir le prétexte d’une Leonarda au sort blessé pour dissoudre d’un coup son autorité devant le peuple français. Il ne parlait pas de cette malheureuse ou d’immigration mais bien de lui, de sa non-présidentiabilité ; et c’est ce que nous avons tous compris devant nos écrans plats. Un autre eut évoqué le sujet dont il était alors question, rameuté des principes, convoqué l’Histoire de France, incarné une idée vaste de la République. Lui, en ce 19 octobre (qui restera son 11 septembre personnel), n’a été que monsieur François Hollande, un citoyen qui, se croyant habile, se révèle totalement dépassé. Moment extraordinaire où la réalité minuscule d’un personnage apparaît par-delà les apparences sociales, par-delà son titre ronflant de successeur de Charles de Gaulle. La réalité est rarement vraie. Ce jour-là, l’hyper-vrai a jailli par la télévision, a ratifié les craintes sourdes de la nation. Ce déconnecté de lui-même déblatérait en oubliant que pour les gens normaux, ceux qui habitent le vrai monde, les enfants vivent avec leurs parents. Ses paroles surréalistes n’avaient donc ni sens politique, ni sens juridique ni sens humain ; et, comble du comble, il ne s’en rendait même pas compte. Le brave François oubliait au vu et au su de chacun que sa mission première est de garantir le fonctionnement régulier des institutions, pas d’annuler des décisions de justice à la bonne franquette. Ce qui fait beaucoup pour un chef de l’Etat, même apparent.

Dès lors, l’impensable par la gauche française (sans doute désespérée à l’idée de le penser) devenait pour tous une évidence angoissante : ce type plutôt sympathique n’arrive pas à être président, pas même à se déguiser en chef de l’Etat. Il est ce que l’on pourrait appeler avec effroi un non-président. La logique des partis, si souvent stigmatisée par Charles (de G.), a abouti à l’élection de cette aberration : un authentique non-président. Malek Boutih – qui lui est un homme qui sait viser haut et se tenir droit, avec un évident charlisme – eut le désarroi de le dire avec ses mots sincères, immédiatement suivi par l’ensemble d’une classe politique saisie de commotion. Le constat avait de quoi paniquer : l’abracadabra du suffrage universel ne parvient plus à changer un falot qui tient son pouvoir de sa fonction en un d’Artagnan qui donnerait sa vitalité à sa fonction. Tout à coup, la vérité anxiogène se voyait à l’oeil nu, éclaboussait les écrans, consternait la banlieue, liguait les consternations rurales, estomaquait les bistrots. Brusquement, il ne devenait plus possible de se persuader que le type qui use les tapis de l’Elysée est à sa place. Avait-on bousculé l’ahuri, lui avait-on tendu quelque piège ? Non, le cynique s’est auto-détruit sous les yeux médusés de la nation et de ses ultimes partisans.

Dès lors, notre déboussolé a déboussolé la nation qui, fidèle aux institutions de Charles, se demande avec anxiété comment elle va pouvoir vivre avec un non-président pendant trois ans. Une absence à l’Elysée, cela nous fait sortir, l’air de rien, de la Ve République. Le bateau a de la gîte et il fait déjà gros temps. Difficile, dans ce contexte noir, de perpétuer un mariage qui n’a plus guère de sens, de s’obliger à coucher avec un partenaire qu’on ne hait pas mais qui, soudain, paraît dérisoire. Un partenaire si désespérément ridicule qu’on ne lui en veut même pas. Difficile surtout de traverser les immenses jacqueries qui fermentent dans nos départements. Notre Louis XVI, à défaut de savoir trancher, peut être démis d’un instant à l’autre par l’événement. Qui peut imaginer que cet homme prompt à se néantiser lui-même peut encore être un rempart pour la République ? Nous avons sur les bras un non-président entièrement soumis à ses peurs : devant des lycéens poings-leveurs, face aux mouvements sociaux qui ne manqueront pas de se dresser, aux paysans qui dès à présent le menacent, etc. Manifestement, sa joie de ne le gouverne pas. Seule la trouille pilote son cerveau subalterne.

Ma crainte est que ce monsieur bombe à présent son petit torse, qu’il veuille surjouer le président en faisant acte d’autorité. Sous la IVe République, cela conduisit le transparent et humaniste Guy Mollet à faire tirer sur la foule à Alger. Alors que Charles qui, lui, entretenait d’excellentes relations avec son autorité, ne fit jamais couler le sang en mai 68. Les non-présidents peuvent à tout instant perdre les pédales, n’écouter que leur démence quand l’événement déboule. C’est très exactement ce qui est arrivé samedi dernier. Pris en tenaille par les circonstances, l’illuminé de la rue Saint-Honoré n’a écouté aucun de ses conseillers. Un journaliste de TF1 m’a raconté que l’intervention éventuelle du (non)président samedi dernier – improbable pendant la matinée – fut annulée à 12h10 pour être à nouveau décidée dans une spectaculaire précipitation à… 12h50, soit dix minutes avant les JT des chaînes généralistes. Il n’y avait alors pas de caméra à l’Elysée. Le matériel de TF1 – chaîne de garde ce jour-là – avait été remballé. La Najat Vallaud-Belkacem a dû traverser en courant la rue Saint-Honoré pour rattraper l’unique caméra encore dans les parages, au ministère de l’Intérieur. N’ayant pas de trépieds, le cameraman fut contraint d’en improviser un en posant vaille que vaille sa caméra pour enregistrer le présidentiel suicide. Le non-président voulait de toute urgence causer dans le poste, délivrer son message inspiré ! Avec le résultat grandiose que l’on sait. Nous avons donc un vrai risque à l’Elysée, un risque en la personne de ce haut-fonctionnaire têtu. A un moment ou à un autre, le nul est toujours tenté de ne pas le paraître.

Alors que ferons-nous, les uns et les autres, pour compenser son inconsistance face à l’inattendu de la vie ? Dans le drame qui s’annonce, sous l’oeil matois du FN embusqué, nous n’avons plus depuis samedi de vrai président à Paris.

Alexandre Jardin vient de publier « Mes trois zèbres » chez Grasset.

Source : L’Opinion

 

 

 

 

 

 

 

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