C’était à « la Vache Rit », à Notre-Dame-des-Landes, en 2009, il y eût lieu de nombreux de débats, dont celui où il était question des AMAPs [Association pour le Maintient de l'Agriculture Paysanne], Stéphane témoigne du lancement d’AMAP dans sa région, le Sud-Ouest, du côté de Castelnaudary. À l’époque, ça n’était pas si simple, mais aujourd’hui, avec « la crise » nombre de nos concitoyens (nous aussi), ont du mal à »joindre les deux bouts ». Une AMAP peut-être une solution, ou une partie de la solution. Dans la région dans laquelle je réside (les environs de Meaux(77)) notre AMAP, parce que j’en suis adhérent, à du mal, faute de connaissance du grand public à avoir le nombre idéal d’adhérents, d’ailleurs, si vous voulez nous contacter, vous pouvez cliquer ici .
Témoignage
« Je m’appelle Stéphane et on m’a invité pour parler de l’expérience que j’ai mené de septembre 2008 à septembre 2009 dans l’Aude, […] qui a été de me nourrir uniquement avec des produits sur un rayon de 150 kilomètres.
Pourquoi il m’est venu cette idée ? […] Alors en 2004, j’ai créé la première AMAP [Association pour le Maintient de l'Agriculture Paysanne NDB] du département de l’Aude, là, à l’époque ça faisait rigoler tout le monde, et donc vous connaissez le principe, ce sont des consommateurs qui s’organisent pour avoir des légumes locaux réguliers, bons, si possible bio, payables à sa juste valeur.
Donc, j’avais créé cet AMAP, bon, ça a marché, ça a marché, on a eu une liste d’attente, et il nous a fallut à peu près deux ans pour trouver un maraîcher à mettre en face de cette liste d’attente. Donc je situe, Castelnaudary c’est en plein Lauragais, c’est à dire au pays de la pensée unique « Blé/Tournesol » , bon, c’est du rural, […] pas dans des vallées encaissées […] mais il a fallut quand même en milieu rural deux ans pour trouver un maraîcher qui accepte de contractualiser avec une demande organisée solvable.
Alors ce qui est assez curieux c’est que c’est en fait le contraire du libéralisme, le libéralisme, c’est quoi ? Ce sont des entreprises qui sont en concurrence pour séduire, pour avoir le consommateur, et là c’est le contraire, la c’est les clients qui se font concurrence pour avoir, pour avoir le paysan. Donc on a lancé un appel à la presse jusqu’au jour où un maraîcher m’appelle et me dit « Voilà j’ai vu votre appel à maraîchers et c’est vrai que bon ça fait trois ans que je fourni trois AMAPs sur « Toulouse » c’est un maraîcher d’à côté de Carcassonne« et bien voilà moi ça m’arrangerai de prendre ce groupe de consommateurs sur Castelnaudary, et ça me permettrai de lâcher le mou de Toulouse » je lui dit « allez vas-y » donc ça fonctionne et tout ça, et après encore des listes d’attente, encore des listes d’attente, jusqu’au jour où je lui dit « bon ça t’intéresserait si on t’amenait cinquante consommateurs, cinquante familles supplémentaires, est-ce que tu lâcherais Toulouse complètement ? » Réponse « Ah ouais ouais ouais, ça m’éviterai les transports, les trajets j’en ai marre, ils sont gentils mais bon, si il y a des consommateurs tous prêts de chez moi, j’accepte […] »
Et là, je me suis dit, « tiens, ce sont par exemple sur Toulouse, quasiment tous les producteurs, là où des groupes de consommateurs s’organisent, en milieu rural, ils lâchent quasiment tous Toulouse, ceci dit, c’est compréhensible » et dans le même temps des listes de consommateurs nouvelles se constituent sur Toulouse.Bon ça voudrait dire qu’en temps de rupture des approvisionnements seuls les consommateurs prêts des producteurs pourraient manger […] et je me suis dit « ouais mais bon à Toulouse là bas il y avait 145-4000 maraîchers actuellement il en reste 40-50 et l’aire urbaine toulousaine c’est à peu près un million d’habitants »c’est à dire qu’en l’espace de cinquante ans toute la ceinture maraîchère toulousaine a été bétonnée, elle est complètement artificiallisée, recouverte par l’urbanisation, tout ça pour répondre, on va dire au rêve individuel des villas et des piscines des consommateurs d’espace.
Ces terres là ce sont les meilleures, c’est pas par hasard que les villes se sont constituées dans les endroits où il y avait l’eau, les terres assez riches à cultiver, plates limoneuses, mécanisables et il y avait de l’eau à côté. Et en fait ce sont ces terres là qui ont été complètement artificiallisées, je me suis dit « alors ça veut dire que les légumes, tout ça, ils viennent de plus en plus loin » On m’avait raconté que à l’université du Mirail, au resto universitaire, au début des années 60, les menus qui étaient servis pour les étudiants, ils provenaient de la ceinture maraîchère toulousaine, c’était sur place, et puis petit à petit, ça a été, « Sodexo » et compagnie qui ont amené ces services là et qui servent des produits issus d’on ne sais où.
Les grandes surfaces n’ont que quatre jours de stock alimentaire
Donc je me suis dit « tiens, en fait Toulouse est sous perfusion alimentaire, réellement, c’est la perfusion alimentaire. » Je dis « mais il n’y a pas que nous en milieu rural puisqu’on a mis deux ans avec une demande organisée solvable, on a mis deux ans pour trouver un maraîcher, déjà existant, intéressé et capable pour fournir. » Je dis « mais même en milieu rural, on est sous perfusion alimentaire alors. » Et après j’avais justement entendu parler de la durée des stocks alimentaires des grandes surfaces, entre 70 et 80 % de l’alimentation est attribuée dans les grandes surfaces, et ces grandes surfaces n’ont que quatre jours de stock alimentaire. Quatre jours !
L’agriculture est dépendante du pétrole pour sa production
Alors quand on sait que l’agriculture comme vous le savez, est dépendante du pétrole pour sa production, c’est à dire les engrais, les produits phytosanitaires, les insecticides, la mécanisation, tout ça, et ce qui est produit de cette alimentation, après, dépend aussi du pétrole pour son acheminement vers les régions consommatrices.
Donc ça veut dire que quand on a un territoire sous perfusion alimentaire, eh bien il est on n’est on peut plus dépendant du pétrole. Je me suis dit « alors qu’est-ce qui se passerait si il y avait une augmentation soudaine et très forte du prix du pétrole ? » Ça voudrait dire que au niveau de la production, ça coûterai plus cher, et également la part de l’acheminement, ça voudrait dire que les denrées alimentaires prendraient un coût vertigineux, ça voudrait dire que de moins en moins de consommateurs pourraient acheter toute cette nourriture, et il n’y a pas que ça, ça voudrait dire que s’il y avait aussi une rupture des approvisionnements une grève des camionneurs, par exemple, qui s’installerait, des déplacements de population, des réfugiés climatiques, ou autres, par exemple en Arctique ou dans le Maghreb, qui se déplaceraient vers les régions qui actuellement nous nourrissent, prenez le Maroc, le sud de l’Espagne ou autres, ils ne produisent plus certaines variétés maraîchères.
Ça voudrait dire que les camions n’arriveraient plus pleins, et quand on sait que c’est quatre jours de stocks que l’on a au niveau des grandes surfaces, que les ceintures maraîchères n’existent plus et que les gens n’ont plus de jardins non plus… Les jardins ouvriers avant tout ça bon, tout ça représentait on dira en terme d’autonomie, économique on va dire, les ouvriers, c’était une bonne base, c’était une bonne base, cette base n’existe plus, quasiment, ça y’ est ça revient un peu, mais c’est peanuts, tellement de demandes que là aussi il y a des listes. »
Vous pouvez visionner la vidéo complète, mais le son est de mauvaise qualité
http://www.dailymotion.com/video/xdyvqd_peut-on-manger-100-local_news?start=7