Delphine Batho lourdée de ce gouvernement pour avoir critiqué la baisse du budget alloué à son ministère... c'est on ne peut plus logique.

 

Hotel-de-Roquelaure

Ministère de l'environnement

 

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Parce qu'elle a prouvé justement par la baisse de 7% de son budget, qu'elle n'avait pas su s'imposer et donner une colonne vertébrale à la politique environnementale. Hollande avait - pour une fois ! - fait quelque chose d'intelligent en en confiant pas l'écologie à un membre d'EELV, ce qui était pour lui la garantie de ne pas être soumis à une surenchère perpétuelle d'une part et pour EELV la possibilité de démontrer qu'ils avaient une vision politique globale, qu'ils pouvaient dépasser leur "fenêtre de tir", sortir de la caricature défense des petits oiseaux dans laquelle on les enfermait souvent  - quand a contrario on pouvait à juste titre leur reprocher de parler de tout, sauf d'écologie (le fait que Duflot se soit montrée aussi suffisante qu'insuffisante dans ses fonctions de ministre du logement et qu'on cherche vainement à quoi sert Canfin est une autre question).

 

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 Batho n'a jamais convaincu... Décidément le royalisme est une fausse valeur!

 

Hollande-MerkelBatho fait partie d'une coalition qui s'est couchée devant la doxa néo libérale et a accepté la ligne de l'austérité à tous crins, de l'orthodoxie pour baiser les babouches de Merkel. Dans ces conditions, la réduction des budgets de tous les ministères pas fortement engagés dans des dépenses liées à la masse salariale* ou qui correspondent aux fonctions régaliennes de l'Etat**  est inévitable et Batho devait endosser le fait que sa boutique verrait sa vitrine quelque peu réduite... D'autant plus quà ce ministère, on peut agir de bien d'autres manières qu'en dépensant de l'argent. 

Sur la ligne de cette équipe gouvernementale, les ministres non "sociaux" devraient logiquement non pas défendre leur budget, mais se bousculer devant Bercy et Matignon pour proposer des économies. 

* (par exemple l'enseignement: 85% du budget de l'éducation nationale. La santé aussi... Déjà, ces ministères doivent gérer le gel du point d'indice (blocage des salaires) depuis quatre années consécutives)

** (Intérieur, Justice... La défense étant entamée jusqu'à l'os)

 

4704749-ayrault-promet-une-nouvelle-fiscalite-ecologique-pour-2016Batho pouvait par exemple encaisser la diminution du budget (solidarité gouvernementale oblige, quitte à hurler en interne) tout en lançant un débat national sur une fiscalité écologique - ce faisant elle reprenait intégralement le programme du candidat Hollande. Il y a une infinité de mesures qu'on peut initier pour défendre l'environnement, qui relèvent du domaine règlementaire et ne coûtent pas un centime à l'Etat (voire qui lui en rapporteraient, sans pour autant pénaliser entreprises ou ménages: il s'agit de déplacer certains curseurs) 

On peut chercher... En un an, Batho n'a lancé aucun débat de fond.  Quelle ligne a-t-elle fait bouger sur le plan environnemental? S'est-elle emparée de cette question fondamentale qui se pose avec acuité, le stockage des déchets nucléaires: a-t-elle lancé un grand débat scientifique pour confirmer ou infirmer la position relative à l'enfouissement?

 

 

chauffe-eau-solaire-monoblocA-t-elle remis à plat la politique désastreuse de ses prédécesseurs, relative au solaire pour qu'enfin les investisseurs potentiels aient une certaine visibilité? (les règles changent à peu près chaque semestre) de manière que la filière redémarre sur d'autres bases, serve la collectivité et non pas certains investisseurs qui prennent le client d'EDF pour une vache à lait? 

Où en sont les projets d'isolation massive de l'habitat ancien, mesure intelligente, créatrice d'emploi non délocalisables, qui apporteront à terme du pouvoir d'achat par la réduction des dépenses d'énergie, dont parlait le candidat Hollande? Le gouvernement vient de lancer le déblocage de l'épargne salariale, mais en présentant cette mesure comme une usine à gaz invraisemblable. Batho ne pouvait-elle pas sauter dans le train en marche, pour obtenir qu'on puisse débloquer cette épargne à ces fins?  

montebourg_bathoN'est pas Montebourg qui veut... C'est à dire une grande gueule, mais qui a derrière lui 17% des voix aux primaires qui ont désigné Hollande. Et qui a pris soin de ne contester aucun arbitrage budgétaire... Ce qui est la base de l'appartenance à une équipe gouvernementale. En son temps, Jospin l'avait dit clairement: "sans solidarité sur les questions budgétaires, il n'y a plus de majorité plurielle" (sous entendu: je démissionne, de ce fait Chirac peut dissoudre de nouveau, et ramener la droite aux affaires. Les Verts, les radicaux et le PCF ont respecté le marché)

itw-en-direct-de-jean-perre-chevenementC'est cela que Batho n'a pas appréhendé. Elle avait une alternative, celle justement  que le Che avait retenue quand il fut en désaccord de fond, deux fois avec Mitterrand, une fois avec jospin: tirer les conclusions de ce qu'elle considérait comme une mauvaise décision et démissionner (tout en réaffirmant avec éclat son maintien dans la majorité présidentielle).

D'un coup, elle aurait occupé une position éminente et la classe politique actuelle essentiellement composée de mollusques aurait du composer avec une forte personnalité. Pour avoir choisi l'option boutiquière, elle a raté le coche. Elle s'en remettra. Ou pas. On s'en moque.

rats navireMaintenant, il reste à Ayrault une question politicienne à dénouer, et vite. Les membres d'EELV s'interrogent sur la continuation de leur participation au gouvernement (lien). Certes les mauvaises langues indiquent que ceux qui se posent le plus de questions - Cochet, Placé, Mamère - le font essentiellement parce qu'ils n'y figurent pas. Il n'empêche... Après cette mesure de maintien de l'ordre, pour ne pas en perdre le bénéfice, il doit leur poser la question très vite. Et en cas de tergiversation, les lourder dans les vingt-quatre heures (quitte à nouer des conversations avec la vraie gauche, pas pour faire des débauchages à la Sarkozy, mais pour infléchir sa politique) faute de quoi il sera confronté au phénomène des rats qui quittent le navire, signe annonciateur des naufrages, et qui précipitent la catastrophe en semant la panique chez les marins

benjamin borghésio